Cette méthode pour la note de synthèse a été élaborée au cours de plusieurs années d'enseignement, après avoir analysé les difficultés des étudiants et les défauts
les plus courants sur les copies, notamment en participant à de nombreux jurys d'examens.
Par C. R.
Dernière modification le 19/05/2022
L'objectif n'est pas ici de donner une méthode artificielle pour produire un patchwork de reformulations hasardeuses qui ne constitueraient qu'un ersatz de texte, dépourvu de véritable cohésion
et de signification réelle.
Il s'agit bien de comprendre globalement un dossier (sans confondre la précision rigoureuse de l'analyse des idées avec une récolte aléatoire de détails) pour en restituer l'essentiel du contenu,
de façon claire, structurée, unifiée mais en soulignant les différences de points de vue.
La première lecture doit être très sélective (lire est apparenté au même verbe latin qu'élire).
À cette étape, une lecture linéaire complète serait non seulement une perte de temps mais une erreur de méthode car vous n'avanceriez pas vers la prise en compte globale
(mais très précise) des idées du dossier. Ce serait donc un contresens sur la nature de l'exercice et sur la démarche à suivre pour le réussir.
Fuyez aussi
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le surlignage (trop superficiel car vous resteriez ainsi à la surface du texte sans accéder à sa structure et à son
fonctionnement)
-
et encore plus la copie de fragments de phrases : cela enfermerait votre pensée dans des fragments de pseudo-analyse donc dans un émiettement artificiel, au
lieu d’aller vers l’étude des liens entre les idées et vers une véritable comparaison des documents.
Survoler un instant chaque texte (les références, les titres...) pour :
- repérer l’auteur et le cadre énonciatif (qui parle ? à qui ? dans
quelle situation... ?),
- anticiper le contenu, notamment en regardant l’introduction et la conclusion s’il y en a dans le texte (il s'agit souvent de l'extrait d'un développement et ce serait artificiel de considérer que cet extrait comporte
une introduction et une conclusion globales).
Questionner chaque texte en prenant quelques notes très rapides sur les points suivants :
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le découpage visible (paragraphes, titres de parties…)
-
le thème central et l'enjeu exact du débat
-
des mots-clés explicites (en tête de paragraphes surtout) ou implicites, que vous pouvez reconstituer à partir des sept questions de base des orateurs de l'antiquité : Qui ? Quoi ? Où ? Par quels
moyens ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? (Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando)
-
les connecteurs logiques (les mots qui signalisent les liens entre les parties du raisonnement)
-
la progression logique (les liens entre les parties du raisonnement, qu’il faut absolument reconstituer même si aucun connecteur n’avait
été repéré) : point de départ ? étapes (plan) ? conclusion (thèse) ?
-
la problématique (du texte ou, mieux, de tout le dossier) ?
Établir un schéma avec les principaux mots-clés en s’interrogeant sur leur rôle dans le raisonnement donc sur les relations logiques entre
eux afin de commencer à comprendre comment fonctionne le raisonnement de chaque texte (où sont, par exemple, les définitions, les
problèmes, les causes, les conséquences, les mauvaises solutions, les bonnes, etc.).
-
Cette première étape doit rester rapide et sommaire pour chaque document car le but n’est pas d’extraire beaucoup d’idées : il s’agit au contraire d’en
extraire extrêmement peu mais d'une façon assez précise pour pouvoir comparer ces idées d’un auteur à l’autre. Moins vous noterez d’idées, plus il sera facile de les
recombiner et de les intégrer dans votre synthèse (un puzzle de trente grosses pièces est plus facile à assembler qu’un puzzle de trois cents petites pièces).
- Sur le plan de la stratégie, il est important aussi de garder beaucoup de temps pour l’essentiel du travail de synthèse.
Après l’analyse rapide des textes qui vient d’être présentée, il faut formuler une problématique qui sera à la fois :
-
générale (correspondant à l’ensemble du corpus et pas seulement à la moitié des documents),
-
précise (correspondant exactement à la question à laquelle l’ensemble du dossier permet de donner une réponse).
Astuce : s’il y a un doute, résumez en une phrase le contenu de chaque document, puis confrontez tous ces micro-résumés pour voir à quelle
question commune le dossier permet de répondre.
Avertissement important
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L'efficacité de la méthode proposée ici consiste à tâcher de faire une hypothèse de plan général AVANT l'analyse méthodique des documents.
- C'est la condition de l'efficacité, de la cohérence et de la justesse de cette analyse.
- Bien sûr, le plan va évoluer au cours de l'analyse, en interaction constante avec elle. C'est ce qui rend cette démarche active et intelligente.
La première étape consiste à imaginer presque immédiatement un plan général pour la synthèse. Pour trouver
quelques idées (à adapter à chaque fois bien sûr), vous pouvez trouver sur cette page quelques
plans possibles.
Astuce décisive : si vous ne voyez pas quel plan adopter, vous pouvez...
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noter huit à dix idées simples présentes dans les documents
-
puis essayer de reconstituer les questions auxquelles elles répondent
-
et enfin classer ces questions pour synthétiser des titres de parties.
L'étape suivante consiste à analyser les documents directement selon le plan envisagé, dans un tableau à double entrée (en format A3 si possible) avec :
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un document par colonne,
-
une grande partie par ligne (une bande de 10 cm).
Si vous préférez avoir davantage de place, il suffit de consacrer une feuille de brouillon complète pour chaque partie (avec un document par colonne). Vous
noterez alors sur chaque feuille uniquement les idées correspondant à la partie concernée de votre plan.
Conseil : rectifiez le plus vite possible le plan, si vous sentez que le plan envisagé cadre mal avec le contenu du dossier.
Évidemment, cette méthode exige de la concentration et des efforts intellectuels qui vont bien au-delà d'un surlignage au fil de l'eau en ayant oublié le premier texte quand on
arrive au quatrième... Les résultats sont incomparables également.
Cette méthode du tableau à double entrée présente...
-
un énorme avantage : faire un plan rapidement permet d’organiser une plus petite quantité d’informations (on va directement à l’essentiel pour les deux ou
trois axes du plan) et de faire une analyse plus active :
-
- vous savez ce que vous cherchez (et vous pouvez même trouver des idées peu évidentes si vous ne les aviez pas cherchées – mais intéressantes pour la comparaison des documents),
- vous formulez d’emblée les idées dans la bonne perspective : cela permet non seulement la reformulation mais surtout l’intégration des idées aux autres au lieu de faire un
patchwork de phrases mal jointes car encore trop proches de leur environnement textuel d’origine) ;
-
mais aussi un risque : cette méthode peut conduire à oublier certains aspects ou à ne pas ouvrir assez la problématique ; mais il suffit d’en être conscient
pour contrôler l'évolution de l'analyse en se posant plusieurs fois la question de la relative exhaustivité globale (il ne faut pas tendre à une vraie exhaustivité). Il ne faut jamais exclure
une restructuration du plan au début de l’analyse des documents.
Il faut classer les principales informations à restituer, en cherchant à établir dans chaque grande partie :
- des liens logiques,
- une progression, une dynamique (il faut avancer par étapes bien marquées).
La note de synthèse doit se présenter comme
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un condensé global
-
pour un lecteur pressé
-
qui n'aurait pas lu le dossier.
La compréhension (visible dans la restitution) des idées doit :
- être efficace en mettant en avant des mots-clés résumant les idées essentielles,
-
faire référence systématiquement à l’auteur de chaque propos,
-
confronter en permanence les documents (convergences et divergences).
L'organisation de la synthèse doit :
- être aussi claire que possible, d’où une pénalisation des accumulations d’idées en vrac à l’intérieur des parties (avec des cascades de
« de plus », de « et puis » ou de « en outre » qui ne sont dans ce cas que les cache-misère d’un raisonnement non élaboré),
- suivre la logique de la démonstration (évitez donc de suivre l'ordre d'un texte sauf s'il fallait nécessairement reprendre le classement d'un auteur dans une partie),
-
adopter une composition dynamique (qui fait avancer le propos) et équilibrée.
L’introduction doit présenter de manière condensée, efficace mais précise :
- une entrée en matière (un constat ou un paradoxe),
- la problématique que vous avez retenue,
- les documents (cela dépend des examens et des concours : vérifiez bien les règles),
- le plan qui vous avez décidé de suivre.
La conclusion doit faire apparaître très brièvement ce qu’il faut retenir de l’ensemble (par exemple en récapitulant les
conclusions partielles de chaque grande partie).
La reformulation doit :
- être objective, d’où une pénalisation :
-
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des jugements personnels et des commentaires,
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des informations supplémentaires,
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des montages de citations ;
- être précise, d’où une pénalisation :
-
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des contresens,
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des oublis importants (mais les documents doivent être exploités en fonction de la problématique, ce qui implique un traitement différencié),
- des formulations vagues.
Première relecture : pour vérifier la progression logique et la cohérence entre le contenu des
sous-parties et les mots-clés qui les définissent.
Deuxième relecture : pour les constructions de phrases et la ponctuation.
Troisième relecture : pour les accords orthographiques et les conjugaisons.
Astuce : les deux dernières relectures peuvent se faire à partir de la fin (phrase par phrase), pour éviter de vous laisser porter
par le sens donc de perdre votre attention sur la grammaire.
Conseil tactique : ne négligez pas ces moments de relecture car c’est l’étape qui a le meilleur rapport notation / temps dans tout le processus
d’élaboration de la synthèse.
Compréhension des raisonnements (vs. contresens)
Objectivité (vs. idées personnelles ou savoirs ajoutés)
Précision (vs. imprécision)
Concision (vs. redondance)
Reformulation (vs. montage de citations)
Confrontation des documents en permanence (vs. suite de résumés)
Composition claire et dynamique (vs. progression aléatoire ou embrouillée)
La qualité de votre expression dépend bien sûr du soin que vous accorderez à la rédaction et aux relectures le jour J, mais infiniment plus :
- de votre entraînement :
-
-
sur un même sujet refait plusieurs fois (même et surtout s'il a déjà été corrigé par votre professeur) : recommencer le même travail en l'améliorant jusqu'à ce que ce
soit satisfaisant est sans doute une des méthodes les plus efficaces pour dépasser ses erreurs, comprendre ce qu'il faut faire vraiment et développer de vraies compétences (cette
méthode a hélas été radiée de la pédagogie contemporaine au nom de la diversité des activités et du ludique, mais au péril de l'apprentissage) ;
-
sur des sujets différents en prenant d'abord beaucoup de temps puis de moins en moins (c'est une erreur catastrophique d'essayer d'emblée de faire le travail dans le
temps imparti normalement à votre épreuve car cela vous habitue à bâcler ou à faire toujours les mêmes erreurs : il faut beaucoup de temps, au début pour améliorer votre méthode)
;
- de votre étude quotidienne :
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de la langue française (orthographe, conjugaisons et autres difficultés morphologiques ; mais aussi le vocabulaire dont la connaissance doit être précise pour
présenter un raisonnement clair et rigoureux),
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de la grammaire de phrase
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et de la grammaire de texte (liens entre la logique d'un raisonnement et la construction d'un texte).
Pour une véritable préparation efficace à long terme, vous trouverez sur ce site :
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une présentation de quelques
dictionnaires plus spécialisés et d'autres usuels pour améliorer votre écriture (des répertoires de conjugaisons mais aussi des dictionnaires analogiques qui permettent de
disposer de collections de mots très proches, donc de mieux choisir ceux dont vous avez besoin : c'est un outil peu connu mais particulièrement puissant pour bien écrire, pour progresser dans
votre connaissance du vocabulaire, voire pour développer votre intelligence langagière) ;
-
des articles de culture générale car si la
synthèse donne la fausse impression de n'exiger aucune connaissance particulière pour reclasser des informations qui vous sont toutes données dans les documents du dossier, en réalité seule
une maîtrise préalable du sujet ou du contexte (historique, philosophique, social...) peut vous permettre d'y voir clair et de repérer efficacement des idées, des oppositions, des filiations
entre ces idées, etc.