Comment s’adapter aux études universitaires ou comment réussir à se motiver pour consacrer suffisamment de temps au travail personnel ?
Comment échapper à la procrastination ?
Comment sortir de la spirale de l’échec ?
Comment transférer des situations de réussite d’un domaine à un autre ?
Comment étudier beaucoup et avec plaisir ?
Les conseils qui suivent, issus d’une assez longue expérience (des études, de l’enseignements, notamment de la méthodologie, puis de l’accompagnement), devraient vous aider à prendre conscience des problèmes qui peuvent vous bloquer et des solutions qui contribueront à vous faire réussir : en améliorant en profondeur vos pratiques et votre façon de considérer votre travail intellectuel.
Par C. R.
Publié le 22/11/2024
Dernière modification le 28/11/2024
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : Flutie8211.
Le bureau, c’est à la fois :
- la pièce où vous travaillez,
- le meuble (qui peut aussi être n’importe quelle table convertie en bureau pendant quelques heures par un petit aménagement provisoire mais spécifique, presque rituel à la limite),
- la zone de travail sur l’écran de votre ordinateur.
Un bureau mérite d’être fonctionnel et agréable : chaque chose (cours, dossiers informatiques, objets sur le bureau) doit y trouver sa place, de façon pratique, selon un classement simple et efficace, afin de ne jamais perdre du temps à chercher.
Une ambiance dépouillée mais chaleureuse (avec de rares objets, bien choisis ou auxquels vous êtes attaché) vaut certainement mieux (pour la plupart des personnes) que le bureau-capharnaüm de Gaston Lagaffe.
Le but est de créer :
- un système pratique (où tout est accessible – et de façon incitative si possible),
- un environnement visiblement maîtrisé (ce qui fait diminuer le stress),
- une ambiance propice à la concentration et au soin intellectuel.
Quant au smartphone et aux réseaux sociaux, ils peuvent vous attendre dans une autre pièce (ou du moins loin de vous).
Un travail efficace et approfondi est un travail non interrompu (sauf urgence bien sûr). C’est la base pour induire un état d’esprit méthodique et dégagé : une bulle de travail qui finira par devenir agréable en évoluant avec vous.
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : Lachkegeetanjali.
Bien sûr, le travail nomade est de plus en plus fréquent ; mais rien ne nous empêche de créer cet espace de travail fonctionnel et agréable d’une autre façon : en créant une petite routine qui associe le travail :
- à un type de lieu (bibliothèque universitaire, café calme, endroit particulier chez vous…),
- à un type de moment qui vous convient bien dans la journée ou dans la semaine,
- et éventuellement à un type d’objets, d’ambiance ou de rite.
L’intérêt de faire une liste de tâches segmentées en petites parcelles est de vous motiver : chacune de ces petites tâches apparaîtra plus facile qu’un ensemble complexe et massif. En sachant que vous ne ferez qu’une seule chose à la fois et que l’objectif est facile à atteindre, vous commencerez plus facilement (autrement dit, vous éviterez la procrastination) parce que vous saurez d’emblée que cette petite tâche durera peu de temps.
Après l’avoir effectué, vous serez peut-être tenté d’enchaîner avec la suivante. C’est ce qui donne son efficacité à cette politique des petits pas.
Le plaisir de voir augmenter la quantité de tâches déjà accomplies et diminuer celle des tâches à accomplir apporte un petit plaisir motivant à chaque étape.
Point important : pour que cela fonctionne, il faut bien sûr penser à mettre la liste des multiples petites tâches à accomplir dans un certain ordre :
- intelligent (classer en priorisant),
- si possible porteur (prévoir un ordre tel que chaque tâche accomplie puisse faciliter la suivante).
Un exemple clé pour comprendre pourquoi il faut classer les tâches à accomplir
Avez-vous déjà fait la vaisselle à la main après un grand repas ou une fête ? La pile de plats collants, de coupes et d’assiettes sales, de poêles grasses, de verres, de casseroles et de mille autres ustensiles provoque toujours un choc quand on y confronté pour la première fois. On ne sait pas par où commencer et la tâche paraît d’abord impossible. La solution pour échapper à la sidération, c’est de classer. Regrouper au préalable les assiettes et les soucoupes par tailles, les couverts, les plats et les ustensiles par types amène non seulement de l’efficacité (parce qu’on commence par les verres les moins sales puis par les coupes et les assiettes pour terminer par les poêles les plus grasses) mais aussi de la motivation car la tâche paraît tout de suite moins énorme et on peut en mesurer l’avancée. C’est déjà un soulagement quand tous les verres ont été lavées et qu’on peut passer aux coupes… Le temps semble déjà passer plus vite et on sait qu’on réussira à aller au bout.
Il ne faut pas oublier malgré tout l’existence des délais (dates d’examens ou d’épreuves de concours par exemple). C’est pourquoi la visualisation des tâches accomplies doit s’accompagner d’une programmation dans le temps. Il faut ainsi prévoir l’ordre, la durée approximative et la date limite (ou la date souhaitée, en fonction de votre psychologie) pour chaque tâche. Le fait de visualiser l’ensemble d’un parcours peut avoir quelque chose de rassurant et de motivant.
Il me semble vraiment souhaitable de faire un planning pour chaque semaine : un simple tableau à double entrée pour chaque semaine, avec les jours de haut en bas et les tranches horaires de gauche à droite. Vous pouvez le faire sur un support papier ou informatisé : il est facile de créer un tableau sur un traitement de texte, d’y placer les constantes sur une semaine type et de le dupliquer autant de fois que de semaines (vous pouvez le faire pour deux ou trois mois d’avance par exemple).
Vous pourrez y reporter :
- les obligations fixes chaque semaine (cours, rendez-vous réguliers, etc.),
- les repas, les courses, le ménage...
- les créneaux pour le travail personnel (en y consacrant un peu plus d’heures que pour les cours en général) avec les tâches précises qui vont changer chaque semaine (ces tâches peuvent être placées directement dans le planning ou à part, dans une liste classée par ordre de priorité) voire les lieux correspondants (chez soi, dans une bibliothèque, dans un café ou dans les transports – en prévoyant bien les tâches adaptées à chaque type de lieu).
Pour vous aider à bien répartir (et visualiser) les activités, vous pouvez éventuellement utiliser un système de couleurs : par exemple, le noir pour les cours, l’orange pour les travaux à rendre ou à préparer, le vert pour les achats (et tout ce qui est financier ou administratif), le gris pour un job étudiant, le bleu pour les loisirs (sportifs, culturels ou autres) et pour les autres activités personnelles (aller au cinéma ou boire un café avec telle personne, par exemple), etc. Notez au passage l’importance de placer des temps de loisirs régulièrement : un travail intensif à certains moments nécessite de vrais moments de repos et de détente. Le surmenage mène à coup sûr à l’inefficacité (sans parler des problèmes de santé qu’il induit).
© 2021 C. Rubin. Tous droits réservés.
Il est important de bien réfléchir aux moments les plus adaptés pour chaque activité. Par exemple, les courses peuvent être placées à deux moments de la semaine où il n’y a pas trop de monde dans les magasins et/ou quand vous avez une grosse journée, trop fatigante pour allonger le temps de travail personnel.
Quant aux tâches variables (toutes celles du travail personnel surtout), elles seront déterminées chaque week-end pour la semaine qui vient (ou pour la quinzaine si vous avez assez de visibilité), les plus urgentes (travaux à rendre, etc.) devant bien sûr être placées le plus tôt possible.
Cependant, les tâches les plus importantes à long terme restent celles qui vont consister à acquérir (comprendre) et à organiser (structurer mentalement et mémoriser) des connaissances durables.
Étudier consiste à acquérir des connaissances, ce qui suppose que vous parveniez peu à peu :
- à les identifier et à les nommer bien sûr,
- mais aussi à les classer et à les situer (par exemple en distinguant les faits objectifs, les hypothèses, les théories importantes, les fondateurs, leurs successeurs et leurs critiques...).
Le but est que vous puissiez les réutiliser facilement et intelligemment : les mettre en relations pour les penser et les communiquer, notamment lors des situations d’examens mais aussi pour structurer d’autres connaissances par la suite.
Transformer un cours en connaissances personnelles ne consiste pas forcément à faire des résumés et encore moins à vous contenter de surligner des extraits : cette démarche reste trop passive.
Pour vous approprier véritablement des connaissances nouvelles, il faut vous lancer dans un travail personnel consistant à les structurer par vous-même et pour vous-même.
La première technique à laquelle vous songez peut-être consiste à faire des représentations schématiques et plus spécialement des cartes mentales (mind map).
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : Fumingli.
Ce n’est certainement ni suffisant ni adapté à tout le monde mais cela peut aider fortement certaines personnes (en fonction des types d’intelligences telles que le chercheur Howard Gardner les a classées). C’est une aide précieuse pour avoir une vision d’ensemble mais cela ne peut pas se substituer à une méthode plus approfondie, que je vais présenter maintenant.
Il est absolument indispensable de mettre en place votre propre système de fiches et de dossiers.
Il s’agit de créer systématiquement un maximum de fiches (par thèmes, par auteurs, par notions, par époques, par théories, etc.), dès qu’une connaissance nouvelle vous semble intéressante ou digne d’être retenue pour être réutilisée plus tard. Il faut mettre en place ce réflexe, même si, dans un premier temps, vous ne notez qu’une brève définition, un petit classement ou simplement le titre d’un ouvrage de référence. Vous aurez par la suite l’occasion de voir si certaines de ces fiches peuvent être développées, rectifiées, fusionnées, scindées...
Ces fiches doivent assez rapidement être classées dans un système évolutif de dossiers qu’il faut faire vivre (restructurer également, simplifier ou complexifier selon les cas) au gré de l’avancement de vos connaissances.
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : Geralt.
Cette gestion des fiches et des dossiers (créations, classements, transformations, enrichissements) peut constituer la structure sous-jacente de vos apprentissages donc les rendre plus efficaces et plus profonds. Plus ouverts et plus fertiles aussi car ces fiches et ces dossiers ainsi créés vont vous donner envie de les compléter (un peu comme on a envie de compléter une collection), en glanant des informations dans diverses sources complémentaires (en plus de vos cours) : chapitres d’ouvrages, articles, documentaires de qualité, encyclopédies, émissions de France Culture, etc. Le plaisir d’apprendre n’est plus très loin...
Cependant, pour nourrir efficacement votre système de fiches et de dossiers, il faut aussi adopter une posture cognitive adéquate, autrement dit éviter certains blocages courants, que je vais évoquer brièvement maintenant.
J’ai déjà évoqué l’idée selon laquelle il faut éviter de vous contenter d’assimiler tel quel le travail d’autrui (apprendre un cours directement ou, pire, se contenter de le surligner). Vous avez compris que la méthode des fiches classées dans des dossiers permet d’utiliser le travail d’autrui de façon très active, en construisant et en structurant des connaissances qui deviennent les vôtres. Étymologiquement, apprendre, c’est prendre vers soi ou pour soi, amener à soi ce qu’on cueille intellectuellement.
Bien sûr, l’enseignant en sait beaucoup plus que vous et cela pourrait sembler ridicule d’espérer faire mieux. Ce n’est pas l’objectif et vous pouvez bien sûr conserver ses formulations les plus heureuses et ses raisonnements les plus importants. C’est le cadre général qu’il s’agit de personnaliser, grâce à ce fameux système de dossiers et de fiches créé pour vous-même et par vous-même (pardonnez-moi d’insister).
Paradoxalement, pour suivre la trace d’un enseignant, il ne faut surtout pas se contenter de l’imiter, de répéter ses phrases comme un perroquet. Il faut adopter non pas seulement les résultats qu’il vous livre mais, surtout, la démarche intellectuelle qui a dû le mener à la réussite : réfléchir personnellement aux concepts et aux raisonnements, en cherchant à vérifier ce que vous pensez comprendre (les définitions possibles, leurs applications, leurs limites...) avec un véritable esprit critique constructif et, surtout, avec une réflexion globale (en cherchant les liens, les équivalences, les différences, les causes, les conséquences, les problèmes, les solutions, les théories opposées…). Une réflexion globale, donc : j’insiste car c’est vraiment important pour que la compréhension soit véritable. Étymologiquement, comprendre, c’est « prendre ensemble » : être capable d’avoir une représentation globale et articulée de tout un ensemble d’informations.
L’étymologie latine du mot intelligence le confirme aussi d’une autre façon : inter + legere = choisir, élire, prendre ou extraire par la lecture (le verbe latin lego, legere a donné le verbe lire en français) des connaissances et établir des liens entre (inter) elles. Au passage, vous avez peut-être remarqué que le verbe latin lego (« je lis » ou « je choisis ») a inspiré la marque d’un jeu de construction infini et évolutif consistant à choisir différentes petites briques pour les mettre ensemble : c’est une très belle image de la construction de vos connaissances, que vous pouvez faire mais aussi défaire (je vais parler juste après de la nécessité de démonter parfois un premier essai pour remonter un ensemble plus intéressant), agrandir, perfectionner indéfiniment, grâce à la boite de briques de Lego presque infinie que constituent les savoirs accumulés par l’humanité.
Aussi étrange que cela puisse paraître, l’apprentissage doit souvent commencer par un désapprentissage partiel (comme un enfant qui va commencer par démonter les briques de Lego assemblés quelques semaines plus tôt pour les remonter autrement, donc). Il faut ainsi accepter de renoncer à ce que vous aviez appris à un niveau inférieur et aux méthodes qui allaient avec ce niveau. C’est souvent difficile psychologiquement, voire impossible pour certaines personnes.
Pour parvenir à ce renoncement, qui est vraiment difficile pour certaines personnes, il faut chercher à comprendre pourquoi la représentation antérieure est incomplète, trop simplifiée et, finalement, provisoire car juste adaptée à une étape de l’apprentissage. L’enjeu est crucial : il s’agit d’éviter un blocage définitif sur les apprentissages simplifiés du début de la scolarité. Il s’agit aussi de bien comprendre l’apport de la représentation nouvelle : plus juste, plus complète, plus robuste face à la réalité – en attendant peut-être de renoncer à nouveau à ces connaissances.
Un exemple pour mieux comprendre pourquoi un tel renoncement est nécessaire
Vous avez appris que l’eau gèle en-dessous de 0° C et bout à partir de 100° C.
Puis vous avez dû apprendre que ces températures variaient en fonction de la pression atmosphérique. Vous avez peut-être même calculé la température d’ébullition au sommet du mont Blanc. Vous avez aussi dû apprendre que l’eau salée peut geler à - 20° parfois.
Enfin, vous pouvez lire le résultat d’une expérience scientifique dans laquelle de l’eau pure à - 44° est toujours maintenue liquide, ce qui nécessite la compréhension du phénomène de surfusion, par exemple
Cet exemple montre bien que le fait de rester bloqué sur les premières étapes de l’apprentissage des sciences physiques rendrait impossible leur étude au niveau supérieur. De même, un étudiant en sciences du langage qui voudrait étudier les compléments de verbe et de phrase en conservant les méthodes d’identification de l’enseignement primaire serait freiné dans sa compréhension donc dans la construction de connaissances.
Il ne faut pas seulement savoir renoncer à des connaissances et à des méthodes dépassées par rapport au niveau que vous visez. Il faut aussi – à l’autre extrême – savoir renoncer provisoirement à des présentations trop complexes ou trop difficiles.
N’hésitez donc pas à passer beaucoup de temps sur les sources (ouvrages, vidéos, cours) qui vous parlent (ou qui sont au niveau le plus approprié : ni trop difficiles, ni trop détaillés) et beaucoup moins sur les autres (du moins dans un premier temps). Pour apprendre à faire du vélo et pour progresser, il faut renoncer aussi bien à votre premier tricycle qu’à une machine de course inutilement sophistiquée...
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Encore une fois, pour pouvoir progresser, il faut déjà savoir accepter les limites actuelles de votre apprentissage. Apprendre une langue étrangère, par exemple, c’est prendre le risque de faire quelques erreurs de syntaxe et de vous exprimer avec un vocabulaire encore très pauvre. De même, il faut savoir accepter, dans un premier temps, de ne pas tout lire dans un ouvrage et de ne pas tout comprendre dans un cours.
Comme il faut bien commencer sans tout maîtriser d’emblée, vous devez oser :
- faire des choix (c’est d’ailleurs l’un des éléments de la compréhension : bien lire, c’est élire des notions-clés) donc prioriser les connaissances les plus importantes à acquérir en premier (un ouvrage universitaire n’est pas un roman : vous n’avez pas forcément besoin de tout lire dans l’ordre),
- revenir à plusieurs reprises sur le même apprentissage, en complétant à chaque fois votre compréhension (pensez au travail d’un peintre en bâtiment : plusieurs couches fines de peinture qu’on laisse bien sécher à chaque fois tiennent mieux qu’une seule couche épaisse).
Photographie d'llustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : CQF-Avocat.
Il faut toujours battre le fer pendant qu’il est encore chaud. En l’occurrence, vous pouvez verbaliser les connaissances dès que vous commencez à les acquérir : par exemple en parler avec quelqu’un, expliquer ce que vous avez compris ou non, oralement ou par écrit.
Il faut surtout vous mettre le plus rapidement possible en situation, à l'oral et/ou à l'écrit, en utilisant au moins partiellement les connaissances en cours d’acquisition, par exemple :
- écrire un petit résumé,
- imaginer que vous expliquez oralement à des élèves fictifs ce que vous venez d’apprendre (devant votre micro ou votre caméra ou rien…), en faisant un petit cours dans lequel vous prenez le rôle d’un enseignant,
- faire un petit exercice adapté et, si vous échouez, recommencer (au moins quelques heures après avoir regardé le corrigé ou la solution) jusqu’à ce que vous réussissiez,
- préparer par vous-même des QCM ou des listes de notions ou de définitions à apprendre et recommencer jusqu’à obtenir un score parfait,
etc.
Il y a plusieurs buts à cela, notamment :
- que vous puissiez expérimenter ce que vous pensez avoir appris et cerner ce que vous maîtrisez déjà ou pas encore (pour concentrer votre travail ensuite uniquement sur les points qui vous posent problèmes),
- que certains types d’exercices (écrits ou oraux) deviennent pour vous une simple routine (avec un effet très rassurant, surtout pour les personnes émotives),
- que vous ressentiez chaque apprentissage comme un jeu ou comme un défi amusant en vous testant souvent et en prenant plaisir à chaque petit progrès (passer de 33 % de réussite à 42 % c’est déjà très encourageant).
Vous pouvez aussi vous mettre en situation à un niveau plus élevé, en préparant des listes de sujets d’examens possibles puis élaborer des plans types, avec les références nécessaires (parler de tel auteur, de tel concept ou de tel thème à telle étape du raisonnement). Cette démarche est particulièrement efficace parce qu’elle vous permet de vous projeter vraiment vers un objectif important donc de mieux comprendre comment vous pouvez y parvenir efficacement.
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : Moritz320.
Faut-il s'entraîner directement dans la durée de l'épreuve ?
Dans cette rubrique, j’aimerais ajouter une remarque importante, concernant la prise en compte de la durée de l’épreuve que vous visez. Contrairement à ce que pensez beaucoup de personnes, il est totalement inutile et même contre-productif de s’occuper de la durée au début. Non seulement cela ne sert à rien de s’entraîner tout de suite dans la durée de l’épreuve (parce que vous n’avez pas encore les connaissances et l’expérience suffisante donc la situation est totalement différente) mais cela peut même avoir un effet pervers en vous donnant l’illusion de commencer à produire un résultat acceptable parce que vous êtes dans les temps. L’important est bien sûr de faire monter votre maîtrise du sujet et votre niveau d’exigence. Pour progresser, il vaut beaucoup mieux dépasser énormément le temps normal de l’épreuve au début, pour apprendre à réaliser correctement tous les aspects d’un exercice très complexe (un peu comme un danseur ou un musicien s’entraîne d’abord au ralenti, au début de la préparation d’une prestation scénique, et n’accélère le rythme que lorsque tout est en place de façon parfaite). Par exemple, pour apprendre à faire une bonne dissertation à un certain niveau et dans une discipline donnée, il ne faut pas hésiter à commencer par en faire une en 15 ou 20 heures avant, par la suite, d’accélérer peu à peu le rythme tout en continuant à intégrer des améliorations à chaque dissertation d’entraînement.
Ce dernier conseil doit être assorti d’une mise en garde : faites quand même attention à bien terminer ce que vous avez commencé (sauf impasse majeure) dans les trois ou quatre jours. D’une part, parce qu’il faut éviter le risque de laisser indéfiniment en suspens un travail ; d’autre part, parce que le but reste de pouvoir accélérer considérablement à moyen terme.
L’échec est une étape habituelle et sans doute nécessaire de tout apprentissage (à condition bien sûr d’en prendre conscience et de le dépasser). Chacun le sait. Pourtant, le découragement nous guette tous. Je vais tenter de mieux comprendre ce qui se passe dans ces cas-là.
Parfois, il nous arrive de considérer un échec directement comme une sanction finale. C’est forcément décourageant. Il faudrait plutôt considérer tout échec, toujours, comme une situation initiale, qui vous offre non seulement un défi motivant (surmonter une difficulté) mais aussi un objet d’analyse pour progresser (bien comprendre son échec en l’analysant de façon lucide et constructive pourrait vous mener à une réussite plus élevée que si cet échec n’avait pas eu lieu).
L’idéal consiste donc à considérer chaque échec (mauvaise note, incapacité à réaliser un exercice…) comme l’occasion d’analyser ses erreurs ou ses blocages, mais aussi à considérer chaque réussite comme l’occasion de comprendre ce qui vous a pu favoriser cette situation de réussite (afin de reproduire la méthode : en identifiant le bon processus pour l’appliquer à autre chose).
Il faut garder en tête que tout apprentissage passe par plusieurs cycles du type « essais → résultat → analyse du résultat → nouvel essai ». Au cas où cela puisse éclairer certains lecteurs, voici un schéma qui résume un processus constructif :
Essais → échecs → analyse des échecs
↓
Essais → échecs → nouvelle analyse des échecs
↓
Essais → réussites → analyse des réussites
↓
Essais → réussites de plus haut niveau
↓
Transposition à d’autres domaines de la méthode
Bien sûr, ce schéma est idéal. Dans la réalité, certaines difficultés nous résistent longtemps. Il peut aussi arriver qu’un progrès soit suivi de régressions ponctuelles. La solution consiste à ne pas s’en inquiéter, en sachant qu’un progrès n’est jamais linéaire mais en dents de scie. L’essentiel est de progresser sur une longue période et de vous faire confiance. Pour y parvenir, une des clés est d’améliorer sa connaissance de soi.
Apprendre à bien vous connaître est vraiment très important pour parvenir à concevoir une stratégie qui vous permettra de surmonter vos blocages ou vos peurs, parfois encore inconscients, face à certains types d’apprentissages. Je ne suis pas en train de dire qu’une psychanalyse est forcément indispensable pour réussir ses études mais simplement qu’il faut apprendre à se regarder en face, ce qui nécessite toujours un certain courage au départ ; mais la réussite que vous pourriez obtenir par ce moyen devrait vous rassurer profondément au final.
Cette rubrique n° 5 se présente comme un approfondissement possible en cours de route : une étape intéressante pour certains (et vous pourrez y revenir plus tard si les questions qui vous sont proposées vous parlent) mais un repoussoir pour les autres, qui peuvent passer directement au point 6.
Vous avez peut-être été surpris par mon emploi du terme courage. Effectivement, la démarche consiste que je propose consiste d’abord à trouver l’audace de vous poser les vraies questions de base. Il n’est jamais trop tard pour faire un bilan mais il est souvent utile de se faire aider parce qu'il est toujours très difficile d’y voir clair sur soi-même, à cause des préjugés qu’on a sur soi-même et des pressions extérieures qu’on a intégrées sans en prendre conscience.
Je sais qu'il est parfois presque impossible d’oser se poser vraiment ces questions préalables mais je vous les soumets quand même :
- votre orientation est-elle votre vrai choix personnel ?
- y a-t-il un lien entre vos études et vos passions (les activités auxquels vous pouvez consacrer des heures sans vous en rendre compte) et, d’ailleurs, ces dernières pourraient-elles être converties en formation approfondie puis en activité professionnelle ?
- quels sont vos vrais talents (écrire, dessiner, parler devant une caméra, organiser une activité collective, innover, créer...) et seront-ils exploités dans vos études comme dans la vie professionnelle que vous envisagez ?
- quel est votre objectif réaliste ?
- quel serait votre objectif idéal ?
- y a-t-il un lien entre ces deux types d’objectifs ?
?
Il n’est pas évident du tout d’identifier ses points forts et ses points faibles, en faisant abstraction des préjugés de votre entourage sur vous-même.
Je vais tenter de vous proposer une approche simple pour commencer. Lorsque vous vous retrouvez seul face à un travail à effectuer, qu'est-ce qui vous empêche souvent de travailler et, au contraire, qu’est-ce qui vous a parfois aidé à vous mettre efficacement au travail ?
Si c’est possible, il est très utile de vous remémorer les démarches précises qui ont donné lieu à un échec et celles qui, au contraire, ont particulièrement bien fonctionné. En les analysant un peu, vous pourrez peut-être en tirer des conséquences sur votre fonctionnement psychologique et cognitif. Je ne vais pas plus loin ici : ce n'est que l'esquisse d'un travail sur vous-même qui pourrait être très utile pour votre réussie.
Si ce point 5 ne vous a pas parlé, vous devriez pouvoir vous retrouver dans les suivants.
Je vais, maintenant, tenter de vous convaincre que le plaisir n’est pas dans la facilité mais bien dans la difficulté, mais aussi dans la concentration.
Certes, il est important de faire très régulièrement des pauses, par exemple de se lever 5 minutes par heure pour faire quelques pas, s’aérer ou penser brièvement à autre chose. Cependant, il faut aussi être pleinement concentré dans les moments de travail. Autrement dit, le smartphone est peut-être plus à sa place dans une autre pièce. Quant à la musique pendant le travail, elle n’est souhaitable que si vous en avez absolument besoin pour échapper au stress (une musique calme, en sourdine). Un petit test pour voir si votre concentration est bonne : idéalement, vous ne devez pas savoir quel temps il a fait dehors pendant une séquence de travail (entre deux pauses). Je me souviens par exemple d’une épreuve d’agrégation (de 7 heures) à la fin de laquelle j’ai été étonné de voir une épaisse couche de neige devant la fenêtre alors que, dans mon dernier souvenir, il pleuvait.
Le temps de concentration n’est-il pas très limité ?
À en croire certains auteurs, un enfant (voire un adolescent ou un adulte) ne disposerait que d’une durée très brève au-delà de laquelle sa concentration ne pourrait en aucun cas être maintenue. À moins que vous ne deviez allégeance à ces auteurs ou à ce que représentent pour vous ces idées (certainement travaillée par des idéologies préalables), je vous propose de les oublier : elles sont contredites par tous les apprentissages passionnés. Je suis conscient d’écarter ces théories très rapidement pour ne pas perdre votre temps de lecture et mon temps d’écriture. Libre à chacun de limiter sa concentration à quelques minutes s’il croit à ce type de théorie. Je me contenterai de m’adresser aux autres.
Arrivé à ce stade, je prends le risque de proposer une sorte d’équation qui n’a pas la prétention d’être le résultat d’une recherche scientifique mais simplement une synthèse formalisée d’une assez longue expérience des études et de l’enseignement, afin de bien prendre conscience des exigences ou des facteurs de l’apprentissage. Elle reprend certains des conseils qui ont été donnés jusque-là.
Apprentissage = T x A x C x T x O x V x E x M
T : temps efficace
A : attention ou concentration
C : connexions (mises en relation des connaissances)
T : transformation (mise à jour active des connaissances, des représentations)
O : ouverture (le contraire des croyances et des préjugés : sur soi, sur les autres, sur un type de connaissance ou sur l’apprentissage)
V : valeur attribuée à la connaissance (donc aux enseignants notamment)
E : émotion
M : motivation
Le niveau de chacun de ces facteurs a donc un rôle important dans l’efficacité de l’apprentissage, qui devient optimal si tous ces facteurs sont poussés à un niveau élevé.
Je vais maintenant donner quelques précisions sur le M : la motivation.
Il y aura deux moments clés dans votre travail :
- celui où vous commencez (très rapidement, si vous m’avez bien suivi),
- celui où vous interrompez votre travail.
Si le premier moment peut sembler logique, le second est moins intuitif : pourquoi faudrait-il parfois s’arrêter un peu plus tôt que prévu ? Vous allez comprendre.
Premier cas de figure : vous pouvez achever directement une petite tâche pendant une séance de travail. Parfait : vous avez atteint un petit objectif et la question du moment de l’interruption ne se pose donc pas.
Deuxième cas de figure, la tâche commencée est assez longue et vous devrez forcément vous interrompre en cours d’exécution. C’est là que le moment précis de l’interruption peut être intéressant : il faudrait vous arranger pour vous interrompre sur un point haut (à un moment du travail où la suite est facile à reprendre parce que quelque chose est déjà amorcé ou parce que le plus dur est fait et qu’il ne manque que des ajouts agréables à effectuer). Le but est que la reprise soit plus facile et plaisante donc motivante. Autrement dit, il faut éviter d’avoir à repartir sur une tâche lourde et rébarbative, qu’il est plus facile de faire dans la foulée d’une autre qu’au tout début d’une séance de travail. C’est une clé pour éviter la procrastination.
Pour vous convaincre, imaginez une randonnée en vélo. Il vaut mieux s’arrêter vers le haut d'une longue côte que vers son pied : il sera plus facile de vous motiver pour repartir...
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Au début de cet article, j’ai expliqué l'intérêt de créer des listes (bien pensées) de tâches à accomplir. J’avais suggéré que ces listes étaient utiles par le fait qu’elles permettaient de structurer intelligemment les étapes du travail. Je vais maintenant aborder un autre type d’utilité.
Ces listes peuvent, en effet, permettre de vous motiver, en cochant à chaque étape ce qui a été accompli, pour prendre plaisir à voir l’avancement progressif. Tout autre système permettant de quantifier ou de visualiser la progression de votre travail peut avoir le même effet positif. Vous avez dû remarquer que lorsque vous téléchargez quelque chose sur internet, vous patientez plus facilement s’il y a un repère visuel qui matérialise la progression de votre téléchargement. C’est encore plus motivant s’il s’agit de votre propre travail, bien sûr. Chaque pourcent gagné renforce votre désir de poursuivre. C’est ce qui rend efficace la politique des petits pas que j’ai déjà évoquée.
Cette méthode peut s’appliquer non seulement à la liste des tâches à enchaîner mais aussi éventuellement aux connaissances ou aux compétences que vous avez acquises, si vous pouvez en visualiser le volume.
Illustration libre de droit. Source : Pixabay. Auteur : StockSnap.
Le plaisir et la motivation peuvent se trouver non seulement dans la perception du quantitatif, mais aussi dans l’attention au qualitatif.
Une des clés de la réussite est la recherche d’un plaisir bien particulier : celui du travail bien fait. Un travail bâclé est rébarbatif et s’accompagne de mauvaise conscience. Au contraire, un travail poussé, avec des améliorations successives est agréable et valorisant. Vous avez peut-être remarqué que le nettoyage rapide et régulier d’un objet était une corvée mais qu’un nettoyage poussé, visant à redonner à cet objet l’aspect du neuf, était beaucoup plus agréable, quoique plus difficile et plus long.
C’est le sens d’une maxime latine : Age quod agis. Le sens littéral (« Fais ce que tu fais ! ») paraît déconcertant voire absurde (parce que le sens reste en grande partie implicite : la mentalité latine privilégiait la brièveté et la sobriété jusqu’à l’extrême, avec un style lapidaire souvent un peu énigmatique). Le sens réel de cette maxime est sans doute le suivant : « Fais parfaitement et complètement ce que tu fais ! » ou « Ce que tu fais, fais-le vraiment ! »
Nous avons vu que l’interaction pouvait intervenir à différents niveaux, en particulier entre les connaissances elles-mêmes mais aussi entre votre travail et le regard que vous portez sur lui. Bien sûr, une interaction entre vous et d’autres personnes qui partagent votre objectif est particulièrement intéressante et motivante. Former un groupe de travail comprenant deux, trois ou quatre personnes constitue souvent une situation porteuse.
Le travail au sein d’un petit groupe associe de nombreux avantages :
- se donner une contrainte agréable donc se motiver,
- se comparer donc se rassurer ou s’aiguillonner,
- se libérer de l’inquiétude individuelle en mutualisant le projet de réussite,
- négocier un programme mutuel d’apprentissage ou de révision avec des contenus précis, des durées ou des dates,
- multiplier les sujets traités grâce à la rapidité conférée par le groupe (s’il fonctionne bien) quand il prend sa vitesse de croisière,
- partager les connaissances et s’entraîner à expliquer à d’autres (pour mieux structurer son savoir grâce à l’interaction),
- mettre sur le tapis les difficultés de chacun pour que le groupe les résolve une par une en exploitant les compétences respectives de chacun,
- contacter plus facilement des enseignants au nom du groupe pour obtenir des explications supplémentaires au besoin,
- s’entraîner ensemble :
- s’amuser à faire un exercice à plusieurs,
- s’amuser à faire le même exercice individuellement puis se confronter les uns aux autres pour créer une émulation (le critère pour savoir si elle est saine consiste à vous demander si vous souhaitez la réussite de tous ou uniquement de vous-même).
Si le travail en groupe ne vous convient pas ou n’est pas possible dans votre situation, une autre possibilité s’offre à vous : trouver un accompagnement ponctuel ou régulier, grâce à une sorte de coaching. Il faut alors trouver une personne qui vous convient bien.
Si vous m’avez lu jusqu’ici, c’est peut-être parce que ma façon de voir vous parle.
Vous pouvez me contacter. Nous verrons alors ensemble si je peux contribuer à la réussite de votre projet, grâce à une forme d'accompagnement (ou de suivi) adaptée à vos attentes.
Aucun engagement ne vous sera demandé sur la durée.