Les Berbères ou les Imazighen : renaissance d'un peuple ancien, important et mystérieux

Quel est le point commun entre saint Augustin, Édith Piaf et Daniel Prévost ? D’où vient le « cheval Blanc » d’Henri IV ? Quel peuple est parfois considéré comme descendant des Atlantes ? Pourquoi les panneaux de certaines villes du Maghreb font-ils apparaître de mystérieux caractères (qui semblent mathématiques) entre ceux de l'arabe et ceux du français ? Pourquoi la statue d'une reine guerrière fait-elle tant parler d'elle en Algérie ? Quelle autre reine berbère trouve-t-on dans les œuvres de Corneille, Voltaire, Gluck et Rembrandt ? Pourquoi certains Kabyles se voient-ils en Bretons d’Algérie ?

Vous comprendrez mieux le sens de ces questions insolites après avoir abandonné quelques idées reçues pour découvrir la réalité d’un peuple aux multiples facettes, dont les talents ont marqué l’Afrique du nord comme l’Europe et qui garde bien des mystères : les Berbères (en français) ou les Imazighen (en tamazight, autrement dit en langue berbère).

Cet article propose quelques éclairages choisis pour susciter l’étonnement, établir des liens et inciter à la découverte. Il aborde aussi frontalement la situation culturelle et politique des Berbères, afin d'attirer l'attention de chacun sur l'ampleur de leur renaissance historique, qui s'accélère en ce moment même.

 

Par C. R.

Publié le 28/08/2023

Dernière modification le 21/11/2024

Un drapeau récent mais une identité multimillénaire.

 

 

Où sont les Berbères ? Qui sont-ils ? Et combien sont-ils ?

 

Les Berbères (ou Imazighen dans leur langue : le tamazight, qui compte bien sûr de nombreuses variantes dialectales – totalement distinctes de l'arabe dialectal bien sûr) sont présents dans le nord de l'Afrique (pas seulement au Maghreb) depuis plusieurs millénaires. On les trouve aujourd'hui principalement en Algérie, au Maroc, en Lybie mais aussi au Mali et au Niger (ainsi qu'en France, en Belgique et aux Pays-Bas suite à des migrations plus récentes). Il s'agit plus précisément des Kabyles, des Chaouis, des Mozabites et des Zénètes en Algérie, des Rifains, des Chleuhs et des Zayanes au Maroc – pour ne citer que les peuples les plus nombreux ou les plus connus. À côté de ces sédentaires, des nomades, les Touaregs, sont présents en Algérie, en Lybie, au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Nous y reviendrons.

 

La répartition des Berbères (et des différents dialectes berbères) en Afrique du nord.

Source : capture d'écran d'un article du Monde diplomatique.

https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/berberes1994

 

Avant d'aller plus loin, il faut garder en tête la distinction entre les Berbères linguistiques (l'ensemble des personnes pouvant parler le tamazight, autrement dit les berbérophones, qui sont une trentaine de millions) et les Berbères ethniques (l'ensemble des personnes qui ont des origines familiales berbères, même quand elles n'en pratiquent plus la culture), logiquement encore plus nombreux.

 

Pour éviter toute confusion entre la langue des Berbères, le tamazight (décliné en divers dialectes en fonction des régions) et l'arabe dialectal (lui aussi variable d'une région à l'autre en Afrique du nord), et pour bien situer cette langue parmi les autres, il est nécessaire de rappeler que la famille des langues dites chamito-sémitique ou afro-asiatiques (les langues de la partie nord de l'Afrique, de la corne de l'Afrique et du Moyen-Orient) se structure en six groupes distincts et parallèles :

  • le groupe des langues berbères (donc le tamazight) ;
  • le groupe des langues sémitiques, incluant l'hébreu, l'arabe (littéral ou classique et dialectal), l'araméen (la langue de Jésus de Nazareth, encore parlée aujourd'hui dans quelques villages de Syrie) et le Maltais (parlé à Malte à côté de l'anglais) ;
  • des langues égyptiennes : l'égyptien ancien (celui des premiers pharaons) et le copte (la langue des Coptes, les chrétiens d'Égypte) qui a pratiquement disparu à l'oral mais qui est toujours une langue liturgique (d'ailleurs utilisée naguère pour reconstituer l'égyptien ancien) ;
  • les langues couchitiques (dans la corne de l'Afrique) : l'orolo, le somali, l'afar et le sidama ;
  • les langues tchadiques (au Tchad) : surtout le haoussa ;
  • peut-être les langues omotiques (en Éthiopie).

 

La confusion persistante, de la part de certaines élites françaises, entre l’arabe dialectal et l’amazigh (suite, sans doute, au choix d’une partie des élites arabes de se focaliser sur l’opposition entre l’arabe, le français et éventuellement l’anglais, ce qui revient à omettre voire à mépriser l’amazigh) est évoquée dans un intéressant article de Julie Chaudier (sur le site Yabiladi) intitulé « France : 2 millions de personnes parlent amazigh, pas arabe ».

 

Bien sûr, l'arabisation d'une grande partie des Berbères les a souvent amenés à se considérer comme des Arabes (dans la mesure où certains sont effectivement arabophones) tout en restant des Berbères ethniques, qu'ils soient berbérophones (donc Berbères linguistiques) ou non. On nomme diglossie la situation de ceux qui parlent une langue à la maison (par exemple le tamazight) et une autre à l'école ou dans d'autres situations (par exemple l'arabe ou le français). Si l'on ajoute que l'arabe existe sous deux formes très différentes (les dialectes parlés au quotidien sont très différent de l'arabe littéral utilisé par l'administration par exemple), cela peut conduire parfois à des difficultés scolaires, sans compter un éventuel sentiment de spoliation culturelle, comme nous le verrons dans le point suivant.

 

Quant au mot Berbères lui-même, il vient à l'origine du mot grec barbaros. Ce terme désignait tous ceux qui ne parlaient pas grec (donc aussi bien les Gaulois que les Perses ou les Lybiens), ceux dont les mots dans l'oreille des Grecs n'étaient entendus que sous la forme barbarbarbar... Cette onomatopée est à l'origine du mot, repris par les Latins sous la forme barbarus (qui a donné le mot barbare en français par évolution phonétique) et par les Arabes sous la forme albarbar (qui a donné le mot Berbère en français par emprunt). Il va de soi que ce terme, qui est à l'origine péjoratif, correspondait à la vision d'un peuple par un autre peuple dominant, à un certain moment de l'histoire. D'ailleurs, la conquête des territoires berbères par les Romains puis par les Arabes n'a pas été de tout repos : les Romains ont mis plus d'un siècle pour conquérir Carthage (les trois guerres puniques se sont étalées de 264 à 146 avant J.-C.) et les Arabes ont dû affronter bien plus tard une farouche reine guerrière (qu'ils ont surnommée Al Kahina et que les Berbères appellent Dihya), sur laquelle nous reviendrons bien sûr.

 

D'après Mohamed Meouak (et plus précisément son article « Le monde berbère dans les sources arabes de l’Orient médiéval. Motifs afro-asiatiques et visions arabo-musulmanes »), les historiens et géographes arabes ont souvent valorisé ce peuple pour son courage et son originalité, tout en y voyant malgré tout une altérité peut-être irréductible voire un caractère rustre. C'était assez logique dans la mesure où ils portaient un regard de citadins arabes savants sur un monde autre, souvent rural, imparfaitement compris et marqué par une culture aussi riche que singulière.

 

Un village berbère dans le Haut Atlas, au Maroc : un exemple d'adaptation à des conditions extrêmes.

Source : Pixabay (utilisation gratuite).

 

 

Pourquoi les Berbères portent-ils aujourd'hui des revendications identitaires de plus en plus grandes ?

 

Globalement, les Berbères ont su conserver une identité forte (fondée sur leur culture commune : leur langue, des traditions diverses mais cohérentes, le souvenir d'une histoire singulière, etc.) malgré toute une série de colonisations : romaine, arabe, ottomane puis française (pour la plus grande partie des pays évoqués) avant un retour d'une nouvelle hégémonie arabe dans certains de ces pays, suite à une décolonisation qui a donné lieu, paradoxalement, à une certaine forme de recolonisation des Berbères par des mouvements politiques plutôt centrés sur l'identité arabe.

 

L'exemple de l'Algérie est sans doute le plus parlant : le FLN (le Front de libération nationale, un parti politique issu de la lutte anticoloniale) a en effet développé une idéologie incluant à la fois une forme de socialisme étatique et de nationalisme arabe, en dépit de l'importante composante berbère de la population algérienne. L'obsession de la décolonisation – qui part d'une nécessité historique légitime – a en effet donné lieu à une représentation identitaire simplifiée (par des effets de gommage du passé) et très polarisée : le rejet de la France du passé a conduit à la fois à des postures de refus symbolique de la langue française et au développement systématique de l'arabisation (de l'enseignement, des textes administratifs, etc.) comme antidote supposé des structures mentales coloniales (pourtant démantelées depuis 62 ans déjà). Un seul exemple révélateur de ce choix essentiellement politique : l'affichette placée sous le micro d'Emmanuel Macron lors d'une visite en Algérie, en août 2022, était rédigée en arabe et en anglais mais ni en français, ni en tamazight.

 

Pourtant, le foyer le plus ardent de la culture berbère se trouve bien en Algérie et plus précisément en Kabylie. Il suffit de consulter le site kabyle.com  (qui s'affirme comme « le plus ancien site culturel et site d’information kabyle sur le Web » et comme « pionnier et emblématique du renouveau culturel ») pour comprendre que la revendication identitaire est particulièrement puissante dans cette région algérienne. 

 

Kabyles et Bretons : même combat ?

Pourquoi certains intellectuels kabyles s’intéressent-ils aux cultures celtiques et aux indépendantistes bretons ? C'est suffisamment étonnant pour ouvrir une petite parenthèse dans cet encadré.

Les Kabyles se sentent logiquement assez proches de la situation des cultures celtes dans les nations issues de la colonisation romaine. Cette situation soulève en effet une question cruciale : que reste-t-il d’une civilisation raffinée et puissante suite au rouleau compresseur d’une autre civilisation ? Que reste-t-il de nos « ancêtres les Gaulois » dont on a tout oublié (même le fait que la nation gauloise n’a jamais existé puisque la Gaule abritait une petite partie des très nombreux peuples celtes qui allaient de la mer noire à l’Irlande et au Portugal) et tout ré-imaginé de façon fantaisiste sous Napoléon III ? Si certains jeunes Français issus d’une famille d’origine berbère s’intéressent parfois aux carnyx ou aux casques-oiseaux des guerriers celtes, c’est peut-être parce qu’ils comprennent que la situation de ce peuple dissout par la romanité impériale (puis par les nations qui se sont restructurées dans le nouvel esprit du catholicisme romain) est assez semblable au destin du peuple berbère, dissout également en partie et très progressivement (ce processus est toujours en cours) dans l’arabité des califes qui ont colonisé le Maghreb au VIIe et VIIIe siècles. C’est donc sans doute pour cela que certains intellectuels kabyles s’intéressent étonnamment à la culture et à la langue bretonnes (dont les origines sont celtiques et plus anciennes que la culture gallo-romaine puis française), ainsi qu’aux questions du lien entre les Bretons et la France : ils peuvent y voir un rapport avec leur propre situation en considérant que les Kabyles sont à l’Algérie ce que les Bretons sont à la France (avec bien sûr une différence de taille : la France est une démocratie tandis que l'Algérie s'enferme de plus en plus dans un système dictatorial, d'après des chercheurs en sciences politiques, comme le note Nicolas Beau dans un article paru sur le site Mondafrique.com). Le site Kabyle.com déjà cité illustre bien cette curiosité très particulière des Kabyles pour les Bretons :

https://kabyle.com/textelibre/nevrose-bretonne

https://kabyle.com/textelibre/kabyles-nous-nous-sommes-crus-algeriens

 

La Kabylie est en effet un foyer important de la renaissance de la culture berbère. On y fête par exemple chaque année le nouvel an berbère : Yennayer. Il faut d'ailleurs préciser que si nous sommes en 2023 dans le calendrier chrétien, en 5783 dans le calendrier hébraïque et en 1445 dans le calendrier musulman, nous sommes en 2973 dans le calendrier berbère au moment où paraît cet article. L'an 1 de ce calendrier correspond au premier événement important dans l'histoire berbère : l'accession au pouvoir du pharaon libyque (la Libye antique s'étendait sur toute l'Afrique du nord et était le territoire des Berbères) Sheshonq Ier, fondateur de la XXIIème dynastie égyptienne.

 

Vous pouvez avoir une idée plus vivante de Yennayer en regardant un petit reportage réalisé il y a cinq ans par l'Agence France Presse en Algérie. Les habitants, enthousiastes, y présentent la célébration de cette fête comme une véritable renaissance.

 

Célébration de Yennayer, le nouvel an berbère, à Béjaïa en Kabylie (Algérie).

Source : Wikipédia (Par Nitro One — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=55960878 )

 

 

De l'invention du drapeau berbère à la reconnaissance officielle de la langue tamazight au Maroc et en Algérie

 

Le drapeau berbère (placé en tête de cet article) a été créé par Youcef Medkour dans le cadre de l’Académie berbère, une association culturelle basée à Paris et qui a fait connaître le monde berbère de 1968 à 1978. Cette association a ensuite été dissoute sous la pression de l’État algérien qui s’opposait alors fermement à la reconnaissance de l’identité culturelle spécifique d’une partie importante de ses habitants. Cette pratique du FLN illustre d'ailleurs paradoxalement une dérive qu'avait annoncée l’un de ses défenseurs, le grand théoricien de la décolonisation Frantz Fanon (un psychiatre martiniquais qui s’est déclaré Algérien dès les années 50 quand il soutenait sur place le combat des indépendantistes) : dans son livre Peau noire, masques blancs (1952), il avait prévu le risque que les vainqueurs de la décolonisation prennent seulement la place des anciens colons (un groupe humain en dominant un autre) au lieu de décoloniser véritablement leur société. Cet aspect crucial des travaux de Fanon est souvent omis par les élites postcoloniales qui le citent abondamment sans, apparemment, l'avoir lu en profondeur.

 

En tout cas, les trois couleurs du drapeau (officialisé lors du premier Congrès mondial amazigh de 1997 qui s'est tenu aux îles Canaries) symbolisent l'ensemble des territoires berbères au-delà des frontières nationales (le bleu correspond à la mer, le vert à la montagne et le jaune au désert saharien, ce qui peut évoquer par exemple les Guanches des îles Canaries, les sédentaires des montagnes algériennes ou marocaines et enfin les Touaregs qui parcourent le désert). Quant à la lettre ⵣ (yaz), elle représente le ou la Berbère en tant qu'homme ou femme libre.

 

Sur le plan linguistique, une reconnaissance tardive et prudente a eu lieu beaucoup plus récemment. Comme le Maroc, l’Algérie a finalement accepté de faire apparaître des panneaux de signalisation en tamazight (avec l'alphabet néo-tifinagh sur lequel nous reviendrons plus loin) dans certaines régions et, surtout, cette langue est devenue la seconde langue officielle de l’Algérie en 2016, cinq ans après la même décision au Maroc (2011). Le gouvernement actuel de ce  dernier vient (en août 2023) de décider que le nouvel an amazigh serait un nouveau jour férié dans le royaume (comme l'explique cet article d'Akalpress.com), en mettant ainsi sur le même plan les calendriers musulman, chrétien (grégorien) et berbère. Gageons que ce sera le prochain cheval de bataille des Imazighen d'Algérie.

 

La bibliothèque principale de lecture publique de Tizi Ouzou se présente à la fois en langue arabe (avec l'alphabet arabe), en tamazight (avec l'alphabet néo-tifinagh) et en français (avec l'alphabet latin).

Source : capture d'écran à partir de la page Facebook de cette bibliothèque. 

 

Quant à la Tunisie, si les revendications des Berbères y sont plus discrètes, c'est pourtant dans un territoire correspondant aujourd'hui en partie à ce pays (entre la Tunisie et l'Algérie) que ce peuple a développé sa culture. La  première civilisation ayant maîtrisé l'élevage des moutons en Afrique du nord est en effet la civilisation capsienne (du VIIIe au Ve millénaire avant J.-C), cet adjectif étant dérivé du nom de la ville de Gafsa en Tunisie. C'est de cette civilisation capsienne que vient la culture berbère. La décoration des poteries, par exemple, montre une filiation assez évidente de l'une à l'autre.

 

Le peuple capsien s'était d'ailleurs métissé avec un autre peuple (les Ibéromaurusiens), qui a laissé des traces aussi anciennes qu'étonnantes : les très belles et très étranges peintures rupestres retrouvées dans des massifs montagneux du Sahara : le Hoggar et le Tassili n'Ajjer, où se trouvent toujours des Berbères nomades.

 

Une gravure rupestre exécuté dans une grotte du Tassili n'Ajjer (site de Jabbaren) par l'un des deux peuples à l'origine des Berbères, les Ibéromaurusiens, il y a environ dix-mille ans.

Source : Wikipédia (Photo de Patrick Gruban from Munich, Germany — Algerien_5_0036, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20097111 )

 

 

Des Berbères nomades dans le désert : les Touaregs ou Kel Tamajeq

 

Le terme Touareg, d'origine arabe, est arrivé de façon relativement récente dans la langue française : à l’époque des colonisations européennes. Le terme employé par les populations concernées pour se désigner elles-mêmes est logiquement non pas arabe mais berbère : Kel Tamajeq. Leur surnom, « hommes bleus », vient du fait que leurs vêtements teints avec de l’indigo ont tendance à déteindre sur la peau.

 

C'est le voyageur et géographe français Henri Duveyrier qui, au XIXe siècle, a fait connaître en Europe ce peuple berbère nomade, qu'il a présenté d’une façon très valorisante dans ses ouvrages, jusqu'à créer la figure mythique du « seigneur du désert », conduisant avec noblesse une longue caravane dans le Sahara, de Tamanrasset à Tombouctou. Duveyrier n'est d'ailleurs plus très connu de nos jours car il a été un peu éclipsé par l'un de ses amis, aujourd’hui bien plus connu que lui : Charles de Foucauld, un militaire qui s'était fait explorateur, donc géographe mais aussi linguiste en devenant prêtre (et ermite avant d’être assassiné en 1916 puis canonisé en 2022 par le pape François). C'est lui qui a fait paraître en 1906 le tout premier dictionnaire touareg-français, avec l’aide de l’orientaliste Adolphe de Calassanti Motylinski.

 

Pour ne citer qu'un exemple de particularité culturelle des Touaregs, on peut évoquer la filiation matrilinéaire : chez eux, un enfant prend le rang social de sa mère – et non de son père – si bien qu'il fait partie de la tribu de sa mère, quelle que soit l’origine de son père. D'ailleurs, chez les Touaregs, le pouvoir politique se transmet également par les femmes. Enfin, ils sont généralement monogames et, en cas de séparation (demandée par la femme ou par l’homme), c’est l’ancien mari qui se retrouve sans tente. Ce n'est bien sûr pas un détail puisque ces nomades doivent parcourir de très grandes distances, sur un territoire très vaste allant de la Lybie au Burkina Faso (voir la carte présentée au début de cet article). Il faut préciser que cette particularité culturelle – la liberté et les prérogatives laissées aux femmes – s'est émoussée depuis environ deux générations. Néanmoins, la dimension essentiellement matriarcale de cette société perdure à travers son mythe fondateur : celui de la reine berbère Tin Hanan, une matriarche du IVe siècle que les Touaregs voient comme leur mère originelle.

 

Un nomade buvant un thé à la menthe avec un visiteur sous sa tente.

Source : fragment d'une photographie de Christophe Boisvieux (agence Hoa-Qui) publiée dans l'ouvrage Maroc (coll. « Passions d'ailleurs », éd. Larousse, 2005) préfacé par Driss Chraïbi.

 

 

Des Berbères sédentaires sur des îles de l’Atlantique

 

Les Guanches, le peuple berbère autochtone des îles Canaries (en Espagne), a eu une histoire assez particulière. De même que les Maltais sont proches des Arabes mais généralement catholiques, les Guanches constituent le seul groupe berbère qui n’a jamais été islamisé : leur situation géographique l’a maintenu à l’écart des colonisations arabes et ottomanes mais pas des conquistadors espagnols, qui les ont convertis au christianisme.

 

Cependant, si les Guanches existent toujours en tant que Berbères sur le plan ethnique, on ne peut plus aujourd'hui les considérer comme tels sur le plan linguistique : ils sont désormais entièrement hispanophones puisque la langue guanche n’existe plus. Néanmoins, leur identité berbère reste vivante et c'est d'ailleurs aux Canaries que s'est tenu (en 1997) le tout premier Congrès mondial amazigh, où le drapeau berbère a été officialisé.

 

Le pic de Teide sur l'île de Tenerife, dans l'archipel des Canaries : un volcan actif culminant à 3718 mètres.

© 2010 C. Rubin. Tous droits réservés.

 

Si, étymologiquement, les Guanches sont les « enfants du volcan » (dans leur ancienne langue berbère), ce n'est pas seulement parce qu'ils se trouvaient au pied du Teide ou d'autres volcans des îles Canaries : ils vivaient dans les entrailles de ces volcans puisqu'on a retrouvé des traces d'habitation dans des tunnels de lave ou dans des grottes naturelles. C'est là qu'ils ont laissé des inscriptions avec l’alphabet tifinagh.

 

Quand on parle de Berbères sur des îles de l'Atlantique, il est difficile de ne pas dire deux mots sur certaines croyances légendaires (à défaut de preuve historique concrète pour l'instant) qui font de ces peuples (pas seulement les Guanches mais aussi les Berbères en général) les descendants des Atlantes, qui se seraient d'abord réfugiés sur ces îles volcaniques après la disparition de leur continent. En effet, le philosophe grec Platon, qui a évoqué l'Atlantide dans deux dialogues (Timée et Critias), la situait au large des colonnes d’Hercule – donc du détroit de Gibraltar, pense-t-on généralement) pourrait laisser imaginer que les îles Canaries sont ce qu’il reste d’un territoire beaucoup plus vaste qui aurait été détruit par une catastrophe naturelle. De nombreux films de fiction évoquent bien sûr ce mythe marquant. Quant au roman de Pierre Benoit intitulé L'Atlantide , il situe son action dans le Hoggar : deux officiers français y sont en effet capturés par un peuple mystérieux dirigé par une reine nommée Antinéa – inspirée par la reine touarègue Tin Hanan – qui descendrait de Vénus (la déesse gréco-latine de la Beauté née dans la mer) et qui prolongerait l'existence d'une cité engloutie par l'océan puis par les sables du Sahara. Pierre Benoit a en effet associé le mythe platonicien de l'Atlantide à sa vision idéalisée voire mystique des Touaregs. Il faut encore ajouter que s'il établit un lien entre son personnage Antinéa, la reine Tin Hanan et la déesse Vénus, cette dernière correspond aussi à la très ancienne (du IIIe millénaire avec J.-C) déesse sumérienne Inanna (dont le nom de Tin Hanan pourrait apparaître comme un écho), plus connue sous son autre nom : Ishtar.

 

 

Des reines berbères marquantes

 

Nous avons déjà évoqué à deux reprises la reine du IVe siècle Tin Hanan, considérée donc par les Touaregs comme leur mère originelle.

 

Cependant, c'est une autre reine berbère qui a laissé la trace la plus marquante dans l'histoire d'Afrique du nord : Dihya, surnommée Al Kahina ou Al Kahena (« la prophétesse ») par les Arabes. En effet, cette reine des VIIe-VIIIe siècle a eu un rôle de chef de guerre au moment de la conquête du Maghreb par les Omeyyades : c'est elle qui a conduit la résistance face à cette dynastie arabe musulmane. Elle est donc considérée comme une figure importante aussi bien par certaines féministes que par les Berbères, qui y voient le symbole de leur résistance identitaire. En effet, face à l'invasion, elle avait su unifier une grande partie du Maghreb berbère. Elle avait néanmoins perdu la guerre face aux Arabes et à d'autres tribus berbères qui s'étaient alliées à eux (ce qui rappelle la guerre des Gaules : certaines tribus celtiques gauloises étaient du côté du général romain Jules César tandis que d'autres étaient contre lui). Elle avait finalement été tuée par les Omeyyades. Comme souvent, l'histoire a été écrite par les vainqueurs. Ainsi, parmi tout ce qui a été dit sur ce personnage historique, il est très difficile de faire la part de la vérité historique, des légendes et des fictions. Il est d'ailleurs regrettable que l'État algérien ne fasse pas beaucoup d'efforts pour développer les recherches archéologiques concernant ce personnage et les vestiges de son temps – peut-être parce que la focalisation sur la colonisation française est beaucoup plus rentable politiquement à court terme que l'étude du processus de colonisation arabe des peuples berbères d’Afrique du nord.

 

Des guerrières en Afrique du nord à une époque récente ?

L'ancien dirigeant lybien Mouammar Kadafi avait sans doute voulu rappeler ses origines berbères (même s'il était arabophone) en créant une troupe militaire d'élite constituée uniquement de femmes, qui étaient ses gardes du corps, notamment dans tous ses déplacements à l'étranger. Elles étaient surnommées les Amazones, en référence aux guerrières à cheval de la mythologie grecque.

 

Malgré le peu d'enthousiasme de l'État algérien, la reine Dihya a quand même sa statue en Algérie : à Baghaï (dans l'Aurès), là où elle avait son palais. Cette statue a été à la une de l'actualité en 2016 puisqu'il y a eu un incendie volontaire pour la saccager. La population locale s'en est fortement émue et, quelques semaines plus tard, elle s'est rassemblée pour exprimer son indignation. Des tensions ont alors été provoquées par des groupes de jeunes venus d'autres parties de l'Algérie pour perturber le rassemblement. Ils ont notamment prétendu que la défense de ce symbole ne pouvait être qu'un acte de « mécréants » et de « suppôts de l'étranger ». C'est bien sûr un contresens qui relève du fanatisme aveugle puisqu'il s'agit d'une figure historique on ne peut plus locale et authentique. Pour avoir une idée de l'importance de ces événements et de l'émotion très profonde qu'ils ont suscitée, vous pouvez lire cet article vibrant de Jugurtha Hanachi (sur le site inumiden.com).

 

La statue de la reine Dihya (alias Al Kahina) à Baghaï (en Algérie, dans l'Aurès).

Source : Wikipédia (File:Statue_of_Dyhia_in_Khenchela_(Algeria).jpg — File:Statue_of_Dyhia_in_Khenchela_(Algeria).jpg, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=52582101)

 

Bien avant la reine Dihya, il y avait eu Sophonisbe, une Numide du IIIe siècle avant J.-C. (à l'époque de la deuxième guerre punique entre Carthage et Rome). Il ne s'agissait pas d'une reine régnante mais plutôt de la femme de deux rois berbères : Syphax puis Massinissa. Si la reine Dihya est un monument (au propre comme au figuré) de l'identité berbère, Sophonisbe a plutôt intéressé les Européens. Elle a notamment inspiré une tragédie à l’auteur dramatique Jean Mairet : Sophonisbe (1634). Cette œuvre est assez peu connue ; pourtant, elle constitue un tournant décisif dans l'histoire de la littérature française : non pas tant parce qu'elle est le chef-d’œuvre de cet auteur mais surtout parce qu'elle est la toute première tragédie française respectant la règle des trois unités (de temps, de lieu et d’action), qui régira le théâtre classique de tout le reste du XVIIe siècle. Pierre Corneille a, lui aussi, écrit une tragédie intitulée Sophonisbe (1663). Voltaire écrira encore une Sophonisbe (1774) beaucoup plus tard, signe de l’importance durable de ce personnage féminin dans l’histoire de la littérature française. Son parcours personnel a en effet été tragique, du fait de la situation politique : mariée par son père au roi Syphax, elle a dû épouser de force le roi Massinissa quand celui-ci – allié aux Romains – a capturé son premier mari. C’est lorsque les Romains ont finalement voulu l’emmener à Rome qu’elle a décidé de se suicider. Cette histoire a encore inspiré des romans au XXe siècle, notamment Massinissa le Berbère de Marie-France Briselance. Ce roman est désormais très difficile à trouver. Néanmoins, Sophonisbe (avec bien d'autres héroïnes berbères) est évoquée dans un intéressant essai, un peu plus facile à trouver : L'Afrique du nord au féminin : héroïnes du Maghreb et du Sahara. Son auteur Gabriel Camps est un grand spécialiste de l’histoire berbère. Il a proposé notamment une Encyclopédie berbère composée de 43 fascicules (qui commencent par la lettre A en 1984 et se terminent par la lettre S en 2019) : les 36 premier fascicules sont accessibles gratuitement en ligne. Enfin, Sophonisbe a inspiré non seulement de grands écrivains mais aussi de nombreux musiciens (Gluck en a tiré un opéra) et des peintres (Mantegna, Tintoretto, Rembrandt, Regnier...), qui la représentent le plus souvent avec une coupe contenant le poison fatal.

 

L'un des tableaux que le peintre baroque Nicolas Régnier a consacré à Sophonisbe

(huile sur toit, vers 1650-1660, Musei Civici, Padoue, Italie)

Source : Wikipédia (Par François de Dijon — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=67986777 )

 

 

Une influence importante (mais souvent méconnue) sur la culture européenne

 

J'avais évoqué à la fin de l'article consacré au roi Henri IV la fameuse devinette « Quelle est la couleur du cheval Blanc d'Henri IV ? » pour rappeler que ce cheval nommé Albe (alba signifiant « blanc » en latin, à moins qu'il ne s'agisse d'une apocope du nom arabe albarbar désignant ce qui est berbère) était très certainement un Barbe : un cheval élevé par les Berbères en Afrique du nord. Louis XIII avait également apprécié cette race de chevaux (que les Romains connaissaient déjà bien et qu'on ne confondait pas avec les chevaux arabes), dont l'élevage a repris davantage d'importance depuis quinze ans au Maroc.

 

Au-delà de cette anecdote à la fois plaisante et sérieuse, il est intéressant de rappeler que d'assez nombreuses personnalités historiques ou artistiques qui ont marqué le monde européen – et français en particulier – sont d'origine berbère, au moins en partie.

 

Dans le monde romain, il y a eu au moins deux empereurs, Septime Sévère et Caracalla, mais aussi de grands auteurs latins : Térence (un des plus célèbres auteurs de comédies latines, qui a fortement influencé le théâtre européen, notamment Molière) et Apulée (l’auteur des Métamorphoses ou l’Âne d’or). Il faut mentionner aussi des docteurs de l’Église latine : Tertullien, Saint Cyprien de Carthage (qui a donné son nom à la ville française), Lactance et surtout saint Augustin d’Hippone (un des quatre Pères de l'Église latine). Cela nous rappelle au passage qu’avant d’être un des piliers des cultures européennes autour de Rome (centre du pouvoir politique de l'Empire romain puis du pouvoir spirituel du pape), le christianisme s’est d’abord développé au Moyen-Orient (là où vivait Jésus de Nazareth et où les toutes premières Églises chrétiennes se sont constituées) et en Afrique du nord (puisque les premiers moines – ermites ou anachorètes et cénobites, autrement dit vivant seuls ou en communauté – se trouvaient en Égypte).

 

Beaucoup plus tard, il y a eu beaucoup d'écrivains francophones et d'universitaires renommés issus de la berbérité. Il y a eu bien sûr encore plus de Berbères arabophones dans l'histoire mais le propos est ici d'évoquer l'influence du monde berbère sur l'Europe et non sur le monde arabe d'Afrique du nord car c'est assez évident. Citons seulement Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Malek Haddad, Kateb Yacine (il faut rappeler qu'il préférait se présenter dans l'ordre nom prénom, en souvenir de son enfance à l'école française et que son nom était d'ailleurs prédestiné puisqu'il évoque l'écriture en arabe), Assia Djebar (qui siège à l’Académie française) et Mohammed Arkoun, un professeur à la Sorbonne dont les ouvrages érudits et intelligents nous ont aidé à comprendre pourquoi l'expansion arabo-musulmane (notamment les productions intellectuelles et scientifiques) a été si brillante jusqu'au XIIIe siècle puis a décliné ensuite, alors que l'Europe a connu une évolution inversée (très limitée puis en développement accéléré). Pour lui (et pas seulement pour lui), notamment dans son ouvrage le plus connu, La Pensée arabe, c'est lié au fait que les sciences ont d'abord été libres (donc foisonnantes) dans le monde musulman pendant qu'elles devaient se soumettre à la théologie (se limiter à ce qui est écrit dans la Bible) dans le monde chrétien, puis que la situation s'est inversée : dès le XIVe siècle, les scientifiques du monde musulman ont dû peu à peu inscrire de plus en plus leurs travaux dans le champ coranique de façon de plus en plus stricte, tandis qu'approchait la Renaissance européenne (la libération de la science et de l'art, donc la redécouverte de l'antiquité païenne, qui avait deux mille ans d'avance dans certains domaines puisque les latins connaissaient déjà le béton ou utilisaient le chauffage central et que les Grecs disposaient de calculateurs à engrenage supposant une connaissance très avancée du mouvement des astres – alors qu'au XVIIe siècle, Galilée était encore forcé par l'Inquisition et par le pape Paul V de présenter comme de simples hypothèses ses très solides preuves scientifiques du mouvement de la Terre).

 

Il faut citer aussi une partie des nombreux acteurs français d'origine au moins en partie berbère : Isabelle Adjani, Marie-José Nat, Patrick Timsit, Daniel Prévost, Jacques Villeret et Dany Boon notamment. Quant à Fellag, s'il fait aussi de très subtiles prestations comiques en français (tout comme en kabyle et en arabe algérien), il est de nationalité algérienne.

 

Deux monuments de la chanson française avaient aussi des origines berbères : Marcel Mouloudji et Édith Piaf dont la grand-mère maternelle Emma Saïd Ben Mohamed (son nom d'artiste était Aïcha) – qui l'a élevée – présentait des numéros de puces savantes dans des cirques ambulants, ce qui l'a introduit au monde du spectacle.

 

La chanteuse Édith Piaf photographiée en 1950 par le studio Harcourt.

Source : Wikipédia (Par Studio Harcourt — https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/edith-piaf-1950_negatif-souple_negatif-monochrome_9x12-cm_1950, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=95688508 )

 

 

Des lettres générées par une intelligence singulière

 

L'alphabet tifinagh (mot qui signifie « notre écriture » en tamazight) été retrouvé sur de nombreuses inscriptions anciennes (datant au moins du VIe siècle avant J.-C.), par exemple dans des grottes ou sur des obélisques. Sa forme actuelle, le néo-tifinagh est une synthèse des diverses variantes généralement anciennes. Il faut en effet préciser que seuls les Touaregs avaient continué à employer ce type d'alphabet de façon continue jusqu'à aujourd'hui. Les autres Berbères l'avaient abandonné depuis l'antiquité et il a fallu attendre le XXe siècle pour qu'émerge la renaissance de cette forme d'écriture (les différents dialectes de la langue berbère elle-même étaient bien sûr parlés continûment par des dizaines de millions de locuteurs en Afrique du nord voire en Europe, comme nous l'avons vu). Suite au militantisme des berbéristes de l'Académie berbère que nous avons mentionnée plus haut, c'est à partir des travaux du linguiste Salem Chaker que l'Institut royal de la culture amazigue (IRCAM), au Maroc, a proposé une version modernisée du tifinagh : le néo-tifinagh, avec 33 caractères de base – et quelques autres composant une version étendue.

 

Les 33 caractères de base de l'alphabet néo-tifinagh de l'Institut royal de la culture amazigue (IRCAM).

On y retrouve par exemple la lettre ⵣ (yaz) du drapeau berbère.

Source : Wikipédia (By Mikael Parkvall - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20608109 )

 

C'est bien cette version du néo-tifinagh que le Maroc a choisie comme écriture de sa nouvelle seconde langue officielle : le tamazight. Cette dimension officielle a par exemple donné lieu à de nouveaux panneaux, où le tamazight (écrit en néo-tifinagh) a désormais une place centrale dans certaines villes, ce qui montre que la renaissance berbère est en marche.

 

De nouveaux panneaux récemment installés dans la ville d'Agadir, au Maroc.

Source : capture d'écran d'un article du site akalpress.com

 

Les caractères du tifinagh et du néo-tifinagh forcent l'étonnement pour un néophyte : comment ne pas penser à certaines suites de figures géométriques ou symboliques qui sont utilisés dans les tests de quotient intellectuel ? Je me suis amusé à composer des suites logiques (il suffirait de retirer le dernier élément de chaque série pour composer des suites à compléter dans des tests de Q.I.) afin de visualiser quelques uns des raisonnements géométriques suggérés par ces caractères, qui nous rappellent un peu la richesse des informations mathématiques contenues dans les innombrables rapports de longueurs et d'angles dans les pyramides d'Égypte.

 

Quelques suites logiques diverses (ajouts, rotations circulaires à 90°, symétries, équivalences, rotations à 90° dans un rectangle virtuel, etc.) que je me suis amusé à composer en détournant les caractères du tifinagh étendu pour les utiliser en tant que formes géométriques. Il y aurait bien d'autres possibilités en utilisant tous les caractères et d'autres formes de logique géométrique – que suggère cet ensemble de caractères qui semble émaner d'une intelligence antique à très haut potentiel.

 

 

Pour aller plus loin

 

Vous trouverez beaucoup de ressources universitaires sur le site du Centre de recherche berbère de l'INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales) à Paris. Le site Cairn.info avait naguère résumé les principales activités de ce centre de recherches.

 

Il faut bien sûr rappeler encore une fois l'importance de l'Encyclopédie berbère, composée de 43 fascicules (qui commencent par la lettre A en 1984 et se terminent par la lettre S en 2019) : les 36 premier fascicules sont accessibles gratuitement en ligne.

 

Vous pouvez aussi lire des articles plus revendicatifs qui permettent de mieux comprendre l'histoire et la situation du peuple berbère. Par exemple :

Il serait dommage de ne pas terminer par une chanson, par exemple « A Vava Inouva » d'Idir que vous pouvez écouter ici et acheter là :

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