Trois événements-charnières ont marqué l’entrée de l’Europe dans la période moderne, autrement dit sa sortie de l’époque médiévale. Dans les trois cas, il y a eu une mise en relation de l'occident chrétien avec un monde oublié ou lointain radicalement différent. Les intenses échanges culturels et technologiques (hybridations et à transferts de technologies inventées par un peuple et améliorées par un autre peuple) qui en ont découlé ont permis l'émergence de l’humanisme de la Renaissance : l'ordre symbolique du monde occidental a en effet été chamboulé puisque la référence médiévale ultime à un Dieu omniprésent a été remplacée par la mise en valeur de l'Homme vu comme universel. Les sociétés et les structures mentales européennes ont alors totalement changé. Si ce phénomène général est bien connu, certains détails le sont moins : ils méritent pourtant le détour.
Par C. R.
Publié le 18/11/2022
Dernière modification le 02/10/2024
La première Bible imprimée (sur 42 lignes) par Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg (on donne rarement son nom complet) a eu des conséquences indirectes gigantesques, notamment la Réforme du théologien Martin Luther (à l'origine du protestantisme) grâce à un accès plus direct au texte, rendu possible par un coût économique fortement réduit par rapport aux copies manuscrites des moines copistes (que l'imprimeur a d'ailleurs cherché à imiter). Cet exemplaire est exposé à la New York Public Library.
Photographie : NYC Wanderer (Kevin Eng), CC BY-SA 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0>, via Wikimedia Commons.
La chute de Constantinople (1453), siège de l’orthodoxie et dernier vestige de l’Empire byzantin (autrement dit de l’Empire romain d'orient, en sachant que c’était la chute de l’Empire romain d’occident qui avait marqué le passage de l’Antiquité au Moyen Âge), est un cataclysme inattendu pour le monde chrétien : la capitale de l’empire millénaire est prise par le sultan ottoman Mehmed II grâce à un canon (technologie importée de Chine quelques décennies plus tôt et encore relativement récente en Europe) d’une taille inhabituelle (que le pape avait refusé d’acheter à l’ingénieur hongrois – Urbain ou Orban – qui l’avait mis au point et l’avait donc finalement vendu au sultan), avec d’immenses conséquences.
D'un point de vue militaire, politique voire économique, l’efficacité du canon contre une citadelle réputée imprenable depuis plus de mille ans rend définitivement obsolètes certains aspects de la féodalité : les châteaux forts ne sont plus considérés comme une protection et les moyens techniques pour réaliser des murailles résistant aux canons nécessitent des ensembles politiques plus vastes et plus riches (tout comme, aujourd’hui, une nation isolée n’a pas les moyens, d’abord économiques, de faire face à une superpuissance si elle ne s’intègre pas à un ensemble plus vaste : le financement d’un porte-avion, aujourd’hui, pose le même problème que l’achat du plus grand canon d’Europe au XVe siècle).
La victoire d’un sultan musulman sur une Europe chrétienne fortement divisée sonne même le glas des valeurs du Moyen Âge, en révélant qu’elles ont abouti à un retard technologique de l'occident. Ce retard était déjà visible bien avant, par exemple quand Joinville, le biographe ou hagiographe de Louis IX dit « Saint Louis », s'étonnait (dans sa Vie de saint Louis) de certaines étranges armes chimiques des musulmans, vues comme magiques ou... sataniques : il s’agissait déjà de cocktails Molotov ou de grenades avant la lettre (selon un article de Bernadette Arnaud paru dans Sciences et Avenir).
En 1453, la défaite militaire des chrétiens d'orient se double encore d'un échec moral : la chute de Constantinople est aussi le résultat de l’incurie romaine (sans jeu de mots) puisque le pape n’est pas intervenu pour aider son rival chrétien d’orient (ce qui rappelle que lors de certaines croisades, des croisés catholiques avaient préféré piller les richesses d’autres chrétiens – dans l’Empire byzantin – plutôt que de combattre les musulmans, au risque de remettre en question le caractère théoriquement spirituel de la croisade).
Une première prise de Constantinople... par des catholiques
En 1202, une quatrième croisade est lancée (par le pape Innocent III) pour tenter de nouveau de libérer l'accès des pèlerins chrétiens à Jérusalem, pour qu'ils puissent prier devant le tombeau du Christ dans l'église du Saint-Sépulcre. Les circonstances font toutefois dévier ce projet. En effet, les croisés pas assez fortunés pour payer aux Vénitiens la location des bateaux qu'ils leur empruntent, se mettent à leur service. Or, ces Vénitiens ont des objectifs qui leur sont propres. En conflits depuis longtemps avec Constantinople qui leur accorde moins d'exclusivité qu'avant (Constantinople fait également des affaires avec Gênes et Pise), les Vénitiens décident de prendre la ville avec l'aide des guerriers croisés. Leur objectif est d'obtenir le paiement d'une dette importante (que les Byzantins doivent aux Vénitiens) et de pouvoir naviguer sur la mer Noire pour pouvoir y faire du commerce come sur la Méditerranée. Après une première tentative en 1206, celle de 1204 réussit : croisés et Vénitiens prennent la ville avec une brutalité certaine (incendies, vols, saccages...). En Europe de l'ouest, où l'effort financier pour libérer la ville de Jérusalem des mains des musulmans a été important, on comprend alors mal que l'effort s'est porté contre d'autres chrétiens, mais le schisme de 1054 avait déjà séparé définitivement catholiques et orthodoxes. Il faudra attendre huit-cents ans pour qu'un pape s'en excuse : c'est Jean-Paul II qui exprimera ses regrets en 2001. Cet événement de 1204 était en effet la véritable origine de la prise de Constantinople par les Ottomans : les Vénitiens ont en effet remplacé l'ancien Empire byzantin par un nouveau Empire latin d'Orient en y mettant en place un système féodal (à la place de l'héritage grec) qui a morcelé et affaibli cet empire. Si l'ancien Empire byzantin a été rétabli en 1261, il n'avait plus les moyens économiques et militaires de se maintenir durablement, face à l'expansion musulmane ainsi facilitée indirectement par ce dérapage spectaculaire des croisés catholiques du début du XIIIe siècle. Par ailleurs, cette succession d'événements montre que l'argent est vraiment le nerf de la guerre : les croisés n'auraient pas aidé les Vénitiens s'ils avaient pu payer la location des bateaux, les Vénitiens n'auraient pas assiégé Constantinople s'ils avaient été moins cupides ou si les Byzantins avaient réglé leurs dettes et, enfin, Mehmed II n'aurait pas pu prendre la ville s'il n'avait pas eu les moyens d'acheter le canon conçu par l'ingénieur hongrois Orban ou Urbain.
Sur un plan symbolique, une démarche politique et personnelle marque forcément les esprits du XVe siècle. En effet, Mehmed II ne se contente pas de se constituer un harem de jeunes hommes (il était ouvertement bisexuel à une époque où la tolérance – et la liberté intellectuelle permettant d'ailleurs le développement technologique – était encore du côté du monde musulman beaucoup plus que du monde chrétien, avant une inversion entre les deux civilisations qui correspond aussi à la fin du Moyen Âge) : il prend un garçon dans chacune des grandes familles aristocratiques orthodoxes de l’ancien empire byzantin. C'est en effet une façon inattendue d’asseoir son empire personnel sur le nouveau territoire conquis mais aussi de soumettre sexuellement les représentants de l’autre religion.
Un autre exemple de politique religieuse par le viol
Cette utilisation, par Mehmed II, du viol généralisé à des fins de politique religieuse inspirera peut-être Louis XIV pour ses dragonnades : quand il décrétera que chaque famille protestante refusant de se convertir au christianisme devra héberger plusieurs jeunes soldats, des dragons, qui pourront abuser de l’hospitalité de ces familles voire de leurs filles, en toute impunité puisque la justice royale sera systématiquement en faveur des soldats contre les protestants – ce qui préfigure l’affaire Calas qui indignera Voltaire un siècle plus tard quand un vieux protestant presque infirme sera accusé d'avoir porté sur son dos le corps très lourd de sa victime présumée tout en montant une échelle...
Le portrait de Mehmed II réalisé à sa demande par le peintre italien Gentile Bellini
(huile sur toile, 70 x 25 cm, exposée au Victora and Albert Museum à Londres).
Photographie : domaine public, via Wikimedia Commons.
D'un point de vue géopolitique, cette victoire spectaculaire de Mehmed II accélère la domination écrasante de l’Empire ottoman qui, au moment du règne de Louis XIV, recouvrira entièrement le pourtour de la mer Noire, de la mer Rouge et de la mer Méditerranée, sauf les côtes espagnoles, françaises et italiennes. La chute de Constantinople, qui représentait un des deux piliers de la chrétienté (l'autre étant bien sûr Rome), a logiquement affaibli cette chrétienté qui avait déjà été effritée par les schismes (1054 puis 1378-1417).
Sur un plan culturel, la chute de Constantinople a un effet positif paradoxal : la Renaissance italienne, suite à la fuite vers Rome des lettrés grecs avec des manuscrits qui feront redécouvrir à l’occident la supériorité des sciences, des lettres et des arts païens de l’antiquité : « maintenant, toutes disciplines sont restaurées », s’enthousiasmera le personnage Gargantua dans sa lettre à Pantagruel (François Rabelais, Pantagruel, 1532) à une époque où le roi de France François 1er s’intéressera à cette révolution culturelle italienne (en faisant par exemple venir Léonard de Vinci, avec quatre tableaux – dont la Joconde – et beaucoup d’idées nouvelles).
Pendant que Mehmed II conquiert Constantinople, l’Allemand Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg perfectionne l’imprimerie, déjà pratiquée depuis assez longtemps en Asie : des caractères mobiles d’imprimerie en terre cuite ont été utilisés dès 1040 en Chine (sous la dynastie Song, époque très prolifique pour les technologies chinoises comme nous le verrons de nouveau plus loin) et des caractères d’imprimerie en métal ont été utilisés en Corée vers 1234 (la Bibliothèque nationale de France possède un exemplaire d’un livre coréen imprimé en 1377). Les caractères mobiles d’imprimerie de Gutenberg sont quant à eux réalisés avec un mélange de plomb et d’antimoine.
En 1451, le premier livre imprimé en Europe par Gutenberg est la grammaire latine de Donatus.
En 1455, il publie la première Bible imprimée (sur 42 lignes par page). Elle se vend d'abord particulièrement mal mais elle aura malgré tout de nombreuses conséquences.
La réduction du coût économique de la fabrication du livre (par rapport au temps de travail nécessaire auparavant pour les moines copistes), en lien avec l’importation d’une autre technologie asiatique, le papier, aboutira à une plus grande diffusion des livres, notamment de la Bible, lue de façon plus directe. C'est ce qui va faciliter la démarche d'un autre Allemand : Martin Luther, dont la Réforme aura d'autant plus de succès que ses 95 thèses vont finir par être imprimées et que ses lecteurs pourront plus facilement vérifier dans la Bible l'écart qu'il dénonce entre les pratiques du haut clergé et la parole de Jésus de Nazareth rapportée par les Évangiles (où il n'y est question ni d'un pape, ni du monachisme, ni d'une hiérarchie et encore moins de l'importance de la ville de Rome voire de la vente d'indulgences pour financer la construction d'une basilique démesurée). L'imprimerie est donc un facteur de diffusion du protestantisme qui prendra diverses formes : le luthérianisme en Allemagne, le calvinisme en Suisse, l'anglicanisme en Angleterre... Ainsi, beaucoup de chrétiens européens basculeront dans cette autre version du christianisme et, dans les pays où ils resteront minoritaires, ils subiront la répression violente des populations (Guerres de religions) et de certains rois catholiques, comme Louis XIV qui a combattu de différentes manières les protestants français, les huguenots, sous la pression des plus extrémistes – peut-être parce qu’il voulait éviter de mourir assassiné par des catholiques fanatiques comme l’ont été Henri III, tué par le moine dominicain Jacques Clément, puis Henri IV tué par François Ravaillac qui avait été éduqué par ses oncles chanoines dans la haine obsessionnelle des huguenots et de ceux qui les toléraient.
Cependant, la diffusion plus grande des livres ne s'arrêtera pas à la Bible : tous les livres bénéficieront d'un accès plus large, étant plus accessibles financièrement, ce qui participera à une certaine démocratisation des connaissances, qui finiront par s'affranchir de la théologie dont elles dépendaient toutes (tandis que le monde musulman a connu le mouvement inverse : au XIIIe siècle, toutes les sciences ont dû se placer sous la dépendance de la théologie, et le déclin a commencé au XIVe siècle, comme l'explique Mohammed Arkoun dans son ouvrage de référence, La Pensée arabe). C'est donc l'affranchissement des sciences européennes à l'égard de la théologie qui est à l’origine du développement européen (qui, nous l'avons vu, a bénéficié aussi des sciences du monde païen antique, de celles du monde arabe développées jusqu'au XIIIe siècle et de celles venues de Chine).
Cette libération de la pensée associée à la diffusion des livres en Europe passera par des étapes importantes.
Le Discours de la méthode (1637) du Français René Descartes refondera toute la pensée européenne, non plus à partir de l’autorité de la Bible et des écrits d’Aristote (principe de la scolastique médiévale qui était enseigné à la faculté de théologie de Paris, autrement dit à la Sorbonne, fondée au XIIIe siècle par Robert de Sorbon) mais à partir de son propre esprit critique (le doute méthodique cartésien) et de sa conscience d’exister en tant qu’individu pensant (« je pense donc je suis ») qui devient le sujet de sa pensée enfin libérée.
La philosophie des Lumières (vous pouvez lire une traduction du petit livre d'Emmanuel Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? ou une explication plus récente : un essai de Tzvetan Todorov, L'esprit des Lumières) sera fondée sur une volonté de développer l'esprit critique (grâce aux livres des philosophes : essais, contes philosophiques, dialogues...) et la rationalité pour s'affranchir du fanatisme, des préjugés et de toute forme de soumission intellectuelle. Cette démarche aboutira notamment à L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772), dirigée par Denis Diderot et par Jean Le Rond d’Alembert, visant à rendre chaque lecteur capable de disposer de toutes les connaissances philosophiques, scientifiques et techniques nécessaires pour penser librement mais aussi de toutes les notions techniques pour pouvoir exercer n’importe quel métier (démarche que poursuivront les manuels Roret). Cette logique de liberté individuelle est typique des Temps modernes dans la mesure où elle s'oppose à la logique médiévale des corporations, régissant chacune la totalité des professionnels qui exercent un métier donné, avec un système de monopole et de cooptation (système supprimé en théorie par la Révolution française mais qui existe toujours en pratique dans certaines professions et dans certains milieux).
L’arrivée de la démocratie et la Révolution industrielle en Angleterre puis en France et dans le reste de l’Europe constitueront sans doute les conséquences les plus spectaculaires de la démocratisation des connaissances engendrée par l'imprimerie. Il faut au passage noter le rôle primordial de l’Angleterre dont la Révolution industrielle sera rendue possible par :
Le changement d’univers culturel provoqué par l'imprimerie est résumé par un ouvrage du Canadien Marshall McLuhan, La Galaxie Gutenberg (1962), qui présente la technique de l’imprimeur de Mayence comme l’origine d’une révolution culturelle, avant celle de l’audiovisuel (que McLuhan appelle la galaxie Marconi, du nom de celui qui est considéré comme l'inventeur de la radio et de la télégraphie sans fil, même si Nikola Tesla l'a précédé pour certains brevets, tout comme il a précédé Edison dans sa compréhension de l'importance du courant alternatif).
La statue de Christophe Colomb à Barcelone. En pointant son doigt vers l'ouest, il croit avoir trouvé une nouvelle route maritime vers l'Asie. C'est un autre navigateur italien également au service des « rois très catholiques » espagnols qui comprendra que c'est un nouveau continent, lequel sera nommé America...
à Saint-Dié-des-Vosges.
L'histoire du voyage de Christophe Colomb est très connue et a d'ailleurs fait l'objet de beaux films, comme 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott. Surtout, les conséquences de ce voyage sont, là encore, assez importantes pour que nous puissions considérer que c'est le troisième événement qui a fait sortir l'Europe du Moyen Âge pour la faire entrer dans les Temps modernes.
Le navigateur Christophe Colomb, sans doute d’origine génoise, a d'abord travaillé au Portugal avant de se mettre au service des « rois très catholiques » espagnols Ferdinand II d’Aragon et Isabelle 1ère de Castille.
Ce qui a rendu possible son voyage, c’est encore un ensemble de technologies plus ou moins récentes en Europe à cette époque :
Il est malgré tout nécessaire de remettre en question plusieurs certitudes habituelles...
D’abord, et aussi étrange que cela puisse paraître, on ne sait pas exactement qui était Christophe Colomb, ne serait-ce que parce qu’il a au moins deux tombeaux : un dans la cathédrale de Séville et un autre à Saint-Domingue. Des analyses génétiques ont été faites en 2021 mais les résultats ne semblent pas avoir été médiatisés. De toute façon, ils ne résoudront pas forcément l’énigme (où est enterré Christophe Colomb ?) car il est difficile de savoir si les restes humains du tombeau sont bien ceux du navigateur, étant donné qu’on n’est pas totalement sûr de ses origines : peut-être italiennes, peut-être espagnoles catalanes ou autres. Ce flou, jamais éclairci, pourrait être dû au chauvinisme (espagnol ou italien) ou encore à une volonté de cacher qu’il était issu d’une famille juive sépharade de Gênes (éventuellement issue de la communauté juive espagnole de l'époque des Almohades, exclue ensuite de l'Espagne catholique – ce qui constituerait une ironie de l'histoire), voire le fils illégitime d’un souverain, ce qui, dans les deux cas, aurait justifié l’occultation de sa généalogie par les « rois très catholiques » au service desquels il s'était placé.
Ensuite il n’est pas sûr que les trois bateaux de Christophe Colomb aient été des caravelles, comme l’a retenu la tradition : c’était peut-être seulement le cas pour les deux plus petits, si l’on en croit le navigateur lui-même, qui a parlé de sa « caraque », autrement dit d'un gros bateau inspiré de ceux qu’utilisaient les Arabes – mais amélioré avec le gouvernail d’étambot. Pour approfondir un peu cette question, je vous renvoie à un article intéressant présenté par Herodote.net.
Enfin, il faut préciser que Christophe Colomb n’est en aucun cas le premier Européen à avoir découvert le continent américain : les Vikings y sont arrivés bien avant (à partir du IXe siècle) et s'y sont même installés. On le sait grâce à l’histoire, puisque des sagas vikings mentionnent ces voyages, et aussi grâce à l’archéologie, puisque des vestiges de maisons et d’outils en métal typiques des Vikings ont été découverts sur l’île canadienne de Terre-Neuve et datés (en sachant que les Amérindiens de cette époque n’utilisaient pas d’outils en métal).
Cependant, l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique a une plus bien plus grande importance que l’implantation épisodique et anecdotique des Vikings, car elle a donné lieu, cette fois, à des conséquences inédites, liées à une colonisation généralisée et à une exploitation de grande ampleur qui va bouleverser :
D’autres événements marquent également la fin d’une époque parfois vue comme intermédiaire (d’où l'appellation Moyen Âge), notamment les suivants :
Ces deux derniers événements, très divers ont la particularité de participer au renforcement des royaumes, pour le meilleur (un développement, des constructions et des innovations) et pour le pire (le fanatisme religieux, l’esclavage, etc.). Les trois précédents vont bien au-delà dans la mesure où leurs conséquences indirectes changent radicalement la vision du monde et le fonctionnement des sociétés européennes, qui vont dominer le reste du monde entre le XVIIIe et le XXe siècle, précisément parce que c'est une période de libération des individus et d'échanges aussi bien d'idées que de biens ou de technologies, donc d'innovations.